Ce film n'est pas le premier à se pencher sur l'état de désorientation de la jeunesse allemande issue de l'ancienne RDA. L'action se situe dans les années 90, consécutivement à la chute du mur de Berlin, et s'attache aux pas d'une bande de grands adolescents, gentils garçons voulant se faire passer pour méchants - sans doute parce que l'entrée dans l'âge adulte et masculin veut cela, à leurs yeux - et essentiellement occupés par une exploration frénétique des possibilités que leur offre l'existence. Époque préservée où "le temps des rêves" est encore possible, avant l'effet d'entonnoir du réel.
Accompagnant les enthousiasmes de ces cinq camarades et leurs diverses tentatives de construction, le film est traversé d'un grand élan vital, au son d'une musique électronique très rock et entraînante. L'une de ses singularités réside dans le fait que son réalisateur, Andreas Dresen, n'oppose pas cette pulsion de vie et son antagonisme destructeur. Il montre au contraire comment les deux mouvements peuvent être intrinsèquement liés, à cet âge de la vie, parfois même étroitement entortillés l'un à l'autre. Et il rappelle aux adultes spectateurs qui ont franchi ce cap dangereux qu'il s'en faut souvent de très peu pour qu'un destin s'oriente vers une trajectoire de vie ou vers un toboggan de mort.
L'amour, l'amitié, la rivalité faite d'estime mal tolérée, les fêtes et les défaites, tout s'engouffre dans ce film tourbillon qui fait de l'adolescence une plaque tournante aux allures de toupie, insérant ou rejetant les petits êtres qui se trouvent happés par elle.