Franchement, de la part d'Andreas Dresen, on attendait beaucoup mieux que cette copie très imparfaite qu'est Le temps des rêves. Avoir 16 ans et des poussières à Leipzig alors que le mur vient de tomber et que le brouillard du socialisme s'estompe, tel est le thème du film et l'on est assez stupéfait de la manière brouillonne et maniérée dont le cinéaste traite son sujet. Parler de Trainspotting allemand est abusif même si l'énergie est là, non canalisée, dans une chronique maladroitement filmée et avec une dramaturgie erratique qui délivre un message confus sur une génération déboussolée et flouée. Entre la délinquance et la volonté de se réaliser, les protagonistes du film errent de soirées techno en passages en centre de détention et combats contre les skinheads. La matière est là, brute et vivante, mais comme gommée par un scénario qui privilégie une continuité hasardeuse et une mise en scène clinquante et grise, si tant est que cela soit possible. Aucun attachement n'est possible avec ces adolescents turbulents et égarés, dont l'amitié même semble artificielle. Tout n'est pas à jeter dans Le temps des rêves mais ce sont des scènes isolées qui manquent de liant entre elles et sans nuances aucune, Dresen tentant désespérément de leur donner un sens. Cela donne un tableau radical et sombre d'une jeunesse est-allemande sans repères. C'est sans doute le but mais il n'y a pas beaucoup de sentiments qui passent dans Le temps des rêves.