Troisième film des studios Laika, consacrés aux films d’animation en stop motion. Après le triomphe de Coraline, Paranorman a connu un accueil plus modeste, malgré de très bonnes critiques. Objet d’une belle promotion, Les Boxtrolls connait à son tour un succès mitigé et est délaissé par le public français. Il permet en tout cas à Laika de confirmer un style dès ce troisième film, vaguement comparable à quelques opus de Burton comme Les noces funèbres.
Immense travail nécessitant par exemple 20.000 accessoires crées manuellement, Les Boxtrolls est une réussite technique et graphique jubilatoire. Sa façon d’aborder l’ère victorienne est assez excentrique malgré l’absence d’anachronismes voyants. Les boxtrolls eux-mêmes, tirés des dessins de Alan Snow, sont d’excellentes créatures, mais leur traitement est le principal regret concernant l’animation : ces petits bonhommes sont sous-exploités !
Pendant un bon tiers, rien n’accroche vraiment : les personnages sont fades, le postulat prometteur mais le scénario rabougri. L’entrée en scène des méchants hausse le niveau : folie des grandeurs du chef, grotesque de ses sbires, laideur folklorique de l’équipe. Le catalogue de belles images trouve une direction avec les deux enfants au bord de l’adolescence, Winnie et le garçon se prenant pour un boxtroll.
Le film s’améliore tout le long, jusqu’à une issue un peu décevante. Aussitôt surgit un générique formidable (sauf la musique) où les dessous de la création sont exhibés, avec les croquis de quelques séquences et des dessins d’origine des boxtrolls et leur univers. Les Boxtrolls laisse avec un sentiment bizarre, à la fois satisfait du spectacle et embêté de sentir tout ce potentiel fou à demi-activé, en dehors de sa plastique remarquable.
Il manque juste une histoire plus forte, plus.. adulte. C’est là le vrai problème. Nous avons déjà oublié que l’animation pour enfants est d’abord destinée : aux enfants. Et qu’elle peut engendrer de jolis produits même sans profondeur inouïe. Il y a d’autres richesses que celles d’un Miyazaki ou d’un Pixar méditatifs.
Moralement, les auteurs cherchent à montrer en quoi les conditions de départ d’un individu peuvent expliquer sa position dans la société. La fiabilité des adultes est mise à rude épreuve et le ton reste optimiste. Le monde est perçu comme plus ridicule que menaçant, la société hypocrite mais pas nécessairement dure et le champ d’action est large : on ne change pas d’où on vient mais où on va nous définit encore mieux.
https://zogarok.wordpress.com/2014/12/13/les-boxtrolls/