Les Boxtrolls
6.6
Les Boxtrolls

Long-métrage d'animation de Graham Annable et Anthony Stacchi (2014)

J'attends ardemment chaque film du studio Laika en salles.


J'attendais donc Les Boxtrolls en 2014. Comme j'ai attendu le sublime Coraline en 2009 et le formidable L'Etrange Pouvoir de Norman en 2012, qui a failli faire couler la boîte de ses talentueux géniteurs.


Car chaque film est la promesse d'un voyage, d'originalités, d'univers travaillés et de la beauté poétique d'une stop motion qui s'éteint lentement dans une certaine indifférence, victime de la mode de l'animation 3D.


Les Boxtrolls ne déroge pas à cette règle tacite, avec tout d'abord et de manière évidente, l'incroyable beauté visuelle de l'oeuvre et son souci constant de la minutie et du détail. Le ravissement est au rendez-vous, que ce soit dans le monde de la surface ou encore dans les égouts transformés en véritable lieu de vie en forme de bric à brac de brocante, aux discrets accents steampunk délicieux. Au point que les yeux ne sauront plus où donner de la tête en plus d'une occasion.


Oui, cette fois-ci, le public visé a semble-t-il été un peu rajeuni. En témoignent par exemple le design mignon des créatures ou l'aspect des petits héros. De la même manière, l'atmosphère générale du film pourra rappeler le conte du joueur de flûte d'Hamelin, tout comme les univers dessinés par Roald Dahl ou encore Charles Dickens. Tandis que les thématiques de l'oeuvre demeurent classiques, mais pourront prendre à l'occasion un niveau de lecture un peu plus adulte quand le film s'intéresse à l'oppression, à la peur de l'étranger, à la façon de s'en débarrasser ou encore de le dépeindre, avec toutes les sales rumeurs le concernant et tous les maux dont on peut l'accabler.


Il y aura aussi beaucoup d'inventivité et nombre de saillies décalées, comme l'attitude de la jeune Winnie, un brin psychopathe, ou encore ces petites digressions amusantes et philosophiques glissées çà et là par les sbires du méchant de l'histoire, faisant pointer de temps à autres un aspect méta bienvenu.


Mais ce qui restera le plus en mémoire chez ces Boxtrolls, c'est la volonté des deux réalisateurs, Graham Annable et Anthony Stacchi, de livrer un joli film sur la perception enfantine du monde des adultes. Un monde factice gouverné par les artifices les plus primaires du statut social. Un monde peuplé de grandes personnes dérisoires, investies de leur importance, de leur raffinement fromager tout aussi ampoulé que non-sensique, et de leur petit égoïsme. Un monde où il ne fait décidément pas bon grandir.


Un monde qui, cependant, sert de magnifique cadre à une aventure échevelée et de porte voix à la déclaration d'amour du studio au genre fantastique qui caractérisait déjà Norman et Coraline. Avec des mots et des images à la fois tendres et candides.


Behind_the_Mask, carton-pâte (fleurie, svp...).

Créée

le 21 oct. 2014

Critique lue 638 fois

13 j'aime

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 638 fois

13

D'autres avis sur Les Boxtrolls

Les Boxtrolls
Behind_the_Mask
8

De quoi en faire tout un fromage

J'attends ardemment chaque film du studio Laika en salles. J'attendais donc Les Boxtrolls en 2014. Comme j'ai attendu le sublime Coraline en 2009 et le formidable L'Etrange Pouvoir de Norman en 2012,...

le 21 oct. 2014

13 j'aime

Les Boxtrolls
Gand-Alf
6

Les monstres sont vivants.

Je reproche généralement aux productions Laika un léger manque d'émotion et un rythme laborieux, empêchant des films plus que recommandables comme Coraline ou ParaNorman d'atteindre les sommets du...

le 28 sept. 2015

12 j'aime

Les Boxtrolls
Cronos
8

Le gros carton

Méconnu du grand public, le studio Laika a déja deux films à son actif qui sont de petits bijoux: Coraline réalisé par Henry Selick (Nightmare before Christmas, excusez du peu) et Paranorman, connu...

le 11 nov. 2014

12 j'aime

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

205 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

193 j'aime

39

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

186 j'aime

25