Méconnu du grand public, le studio Laika a déja deux films à son actif qui sont de petits bijoux: Coraline réalisé par Henry Selick (Nightmare before Christmas, excusez du peu) et Paranorman, connu chez nous sous le titre l’Etrange Pouvoir de Norman. Tout en stopmotion, leurs films rivalisent sans peine avec les studios Aardman (Wallace et Gromit) mais tirent leur épingle du jeu avec des designs plus atypiques et des films qui le sont tout autant. Cette année, ces messieurs récidivent avec The Boxtrolls. L’histoire est simple: un enfant est enlevé dans la petite cité de CheeseBridge par les Boxtrolls, des petits monstres vivant sous la ville et sortant la nuit pour récupérer des objets en tout genre. Les nobles de la ville engagent un exterminateur pour tuer tous les boxtrolls de la ville et ainsi gagner le droit de rejoindre les nobles et manger du fromage à outrance. Sauf qu’en fait les Boxtrolls sont de braves petits gars qui ont recueilli l’enfant et l’élèvent comme s’il était des leurs.
Une chose est certaine: le film sort des carcans des standards de l’animation, avec de vraies trognes, des personnages aux designs particuliers, des « gueules » vilaines mais néanmoins très réussies. Le film fait malheureusement un four en France et des échos que j’en ai, le design n’attire pas les foules. Pourtant, ce serait dommage de s’en priver tant les personnages sont bien plus intéressants que la plupart des films d’animation que l’on voit souvent: sans scrupules, très humains au fond, les personnages des Boxtrolls sont là pour marquer la différence des classes. Les nobles sont égoïstes et veulent détruire tout ce qui ne les ressemblent pas, tout en voyant d’un mauvais oeil les sales types qui cherchent à rejoindre leur caste, et les petits monstres sont des braves personnages qui veulent juste qu’on les accepte. C’est d’ailleurs le point fort et le point faible du film, surtout quand on est un habitué du studio: les thèmes du film fonctionnent, l’histoire est prenante même s’il faut passer une première demi-heure un petit peu poussive, mais le reste du métrage est un régal. Sauf que Paranorman traitait exactement du même sujet: un garçon rejeté par les autres parce que différent et des zombies finalement sympa. La finalité est très proche et on peut regretter que Laika ne prenne pas plus de risques sur son histoire, d’autant plus que l’univers, l’ambiance et les designs sont absolument géniaux. On verra pour le prochain film.
Dernier mot sur la technique: on peut ne pas aimer la stop-motion, mais il faut saluer le travail d’orfèvre des animateurs et accessoiristes de Laika qui prouvent que la technique a encore de beaux jours devant elle et marque la différence certaine avec l’animation 3D parfois trop lisse. Ici, il y a de la matière, de l’atmosphère, de la vie. L’animation y est formidable, accentué par des mouvements de caméra osés et incroyablse pour de la stopmo, prouvant que les limites de la technique sont désormais inexistantes. Les personnages sont excellents, en particulier le méchant et sa bande de trois sous-fifres, tous géniaux, et les petits Boxtrolls, craquants comme tout. Bref, donnez une chance à Boxtrolls si vous aimez l’animation un peu plus atypique, ça vaut le coup d’oeil!