David Twohy n’avait pas une thune pour faire Pitch Black. Après la réussite du film, on lui octroya un petit pactole pour faire ce dont il avait envie depuis le début : une saga de science-fiction.
Les Chroniques de Riddick est donc le premier film d’une trilogie introduite par Pitch Black, par le jeu vidéo Escape from Butcher Bay et par le court métrage d’animation Dark Fury. Se passant 5 ans après la fin de Pitch Black, Les Chroniques de Riddick profitent dès le départ de la créativité sans faille de David Twohy et de ses décorateurs, qui utilisent le maximum des 100 millions de dollars qui leur ont été impartis. Grâce au Director’s Cut (un des premiers films à s’être vendu en vidéo avec ce label), le film prouve aussi qu’on peut s’adapter à Hollywood sans y vendre son âme. Bien plus ambitieux que le petit film d’horreur qui l’avait précédé, Les Chroniques de Riddick ont gardé le ton très impoli qui avait fait de Pitch Black un tel sleeper hit. Là où on mettait en cause la menstruation d’une jeune adolescente dans le premier opus, on retrouve une mercenaire transpirante qui se frotte sur un Riddick endormi et enchaîné : voilà ce qu’on était venu chercher : de la saleté, du one-liner, de la provocation, une photographie aussi osée que dans Pitch Black et du talent.
Bien évidemment tout ceci est présent, en grande quantité, avec une petite cerise sur le gâteau : il y a deux ou trois apparitions de Judi Dench, qui fait partie d’un casting homogène et franchement excellent. Vin Diesel envoie du one-liner avec sa voix calme et grave, tue avec des armes improbables et drague de la nympho (nous sommes dans de la pure science-fiction et ça fait vraiment plaisir de voir qu’on peut aussi être tendancieux, crade et malpoli dans ce genre-là), Alexa Davalos évite tous les clichés inhérents à son rôle, Nick Chinlund joue la raclure de manière parfaite (on parle quand même de l’immense Billy le Barge dans Les Ailes de l’Enfer), Karl Urban et Colm Feore sont d’excellents méchants et Thandie Newton peut jouer une femme vénale comme personne. Quant aux scènes d’action, elles sont toujours filmées aussi intelligemment, avec des plans sortis de nulle part et toujours surprenants (la décapitation d’un Necromonger) en est une preuve parfaite. Il est alors dommage que le film soit trop long, surtout dans sa première partie et que la fin soit aussi rapide, alors qu’elle est franchement courageuse.
Les Chroniques de Riddick n’est pas un film parfait. En revanche, c’est un film cohérent avec son premier épisode, courageux, malpoli, vil et profondément réjouissant. Là où David Eggby était le véritable héros du premier opus, David Twohy remporte la Palme ici. Bravo et merci.