Film collectif, ou film à sketches réunissant sept réalisateurs, Les Infidèles a connu une carrière paradoxale. Très attendu, il a enregistré de brillantes performances au box-office mais a également été très mal reçu, critiqué voir délaissé une fois consommé. Une polémique autour de ses affiches promotionnelles où Gilles Lellouche et Jean Dujardin apparaissent en position suggestive est venue s'y ajouter. Elle dénonçait une attaque à la dignité humaine, celle des femmes en l’occurrence, objet de consommation valorisant ces infidèles héroïques. C'est pourtant bien l'homme qui prend le plus dans ce film surprenant.


Les Infidèles est scabreux et cynique, c'est aussi la bonne grosse et méchante farce qui vous rend presque mélancolique. Très cruel, il fait défiler des personnages ridicules, bouffons, esclaves de leurs désirs et tentations, socialement et sexuellement aliénés d'une façon ou d'une autre. Le film comporte plusieurs grands sketches séparés par d'excellentes saynètes (''Thibault'' avec Guillaume Canet, la meilleure ; ''Simon'' avec Manu Payet, la plus pittoresque). ''Le Prologue'' et ''Las Vegas'' encadrent l'ensemble, où Lellouche et Dujardin, les chasseurs-consommateurs, sont en proie à des dilemmes existentiels et certaines révélations.


Le reste du temps, Dujardin emprunte de nombreux costumes tous inattendus et parfois peu flatteurs. Celui du Séminaire est le plus mesquin. Dujardin y campe le loser absolu des comités d'entreprise. Nul, lourd et otage à la fois, échouant à conclure comme à épater la galerie. Il a voulu être un winner d'école de commerce, c'est juste le lourdaud qui tente de s'intégrer. Le deuxième long segment, avec Lellouche cette fois, est autrement assassin. L'acteur y est un orthodontiste marié mené par le bout de la queue par une adolescente de 19 ans. Il voit sa conquête en sympathie avec le beauf de teuf le plus ado attardé, récupérée par toutes sortes de hippies merdiques et de jeunes blaireaux opportunistes en pure quête de chair. Le tout après savoir subit ses amis étudiants suffisants, médiocres et impudiques. On compatis.


À l'arrivée c'est une comédie dramatique fataliste, jouissive et un peu trash, comparable à une dissertation en état de gueule de bois. Le final verse dans la parodie ; c'était bien acide et téméraire, pourquoi la fuite dans le second degré ? Au moins, Les Infidèles aura assumé le pire des errances de ses hommes normaux.


https://zogarok.wordpress.com/2015/02/03/les-infideles/

Zogarok

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