Les Infidèles par Julien Camblan
J'ai eu la chance d'avoir lu quelques critiques avant de voir moi-même le film, m'évitant de faux espoirs et la déception de ne pas y trouver une comédie de long en large. Parce que c'est bien là le premier souci du film à sketchs qu'est Les Infidèles, le public associe instinctivement les sketchs à la franche rigolade, bien aidé qu'il est par une bande annonce pas vraiment représentative, alors qu'il n'est pas que ça.
D'une séquence à l'autre, le film nous guide au travers de tous les visages de l'adultère. Une faiblesse qui, si elle est parfois drôle et rocambolesque, tire aussi d'autres fois vers le dramatique, le pathétique. En ça, j'estime que le film fait un excellent travail.
Bien sûr, la nature du film implique des inégalités, dans la qualité tant que dans le rythme, ce qui n'aide pas toujours à resté plongé dans les histoires.
Finalement, même si j'ai aimé rire avec les sketchs les plus potaches, les Infidèles Anonymes, les apparitions en solo de Guillaume Canet et Manu Payet (grandioses et délicieusement pathétiques tous les deux), voire même le prologue... Ce n'est pas ceux que j'ai le plus savourés.
Mon coup de coeur va à la séquence du séminaire, où Jean Dujardin, transformé, donne tout ce qu'il a et nous explique pourquoi c'est un grand acteur. La séquence remue réellement les sentiments sans pitié, on passe du rire à la gêne, du dédain à la pitié. Cet homme est pourri, on le sait, mais on ne peut s'empêcher de le plaindre tandis qu'il s'enfonce encore et encore.
Un autre, Lolita, centré sur Gilles Lellouche cette fois, bien qu'un peu long s'avère finalement vraiment intéressant. Là encore, la détresse de l'homme qui trompe mais pensait contrôler ses sentiments et se fait malmener par une maîtresse qu'il pensait acquise, est criante de réalisme. Très bon Gilles Lellouche.
La Question, face à face entre Dujardin et sa femme, tombe un peu à plat, malgré quelques regards gonflés d'une réelle intensité. Tout va trop vite, on peine à y croire, et il y a malgré tout des longueurs.
L'histoire qui ouvre et clôture le film m'a quant à elle à la fois enthousiasmé et terriblement déçu. À vrai dire, j'ai adoré tout le long, jusqu'au retour des deux comparses dans leur chambre d'hôtel à Las Vegas. La conclusion dans cette chambre m'a plu au plus haut point, c'était tout à fait ce que j'attendais, mais ce qui a suivi beaucoup moins. De la scène sur le toit à la succession d'affiche qui suit, j'ai trouvé ça grossier, vulgaire et pas très ragoutant. Comme si Jean et Gilles n'assumaient pas et ressentaient le besoin de tourner tout ça en dérision. Dommage.
Bref, du bon et du moins bon.