40 ans, toujours pourceaux
Ce projet, conçu par Jean Dujardin et Gilles Lellouche, parvient à me réconcilier temporairement avec le film à sketches, exercice périlleux souvent propice à l'ennui du fait de la qualité inégale des différentes histoires, créant un rythme hasardeux et des changements de ton abrupts, et de la difficulté à s'impliquer émotionnellement dans des personnages qu'on abandonne trop vite.
À ce petit jeu, les deux compères s'en sortent relativement bien – allant jusqu'à écarter le segment réalisé par Jan Kounen avec Mélanie Doutey, qui ne s'intégrait pas à l'ensemble –, car même si l'on peut passer d'un sketch ouvertement comique à un autre plus dramatique, l'humour est toujours suffisamment présent pour assurer une continuité, ainsi que les deux acteurs principaux, qui s'amusent à changer de gueule constamment. On retrouve ainsi à la fin les deux personnages du début et certains sont présentés dans de courtes pastilles disséminées dans le métrage avant d'être développés dans un sketch plus long, « Les Infidèles anonymes », peut-être le meilleur du film, en tout cas le plus drôle. Guillaume Canet enfile une hilarante panoplie de bourge, avec coupe de bouffon et pull sur les épaules, et Manu Payet livre un sacré numéro en gérontophile hardcore, mieux vaut d'ailleurs ne pas en dire plus. Je ne révèlerai rien non plus sur le climax du film, qui restera dans les annales : « What happens in Vegas, stays in Vegas. », comme il est coutume de dire.
Renouant avec la comédie italienne à la Dino Risi et doté d'un humour choc rappelant celui des frères Farrelly, « Les Infidèles » met en scène avec truculence une tripotée de blaireaux prêts à tout pour niquer, une belle bande de queutards pathétiques, frappée par la crise de la quarantaine.
C'est cul, c'est con, c'est bon !