(1969. ITA : Gli intoccabili. ENG : Machine Gun McCain
Vu en VOST, éditions DVD SNC-M6)
Charlie Adamo (Peter Falk), parrain de la côte Ouest, s’intéresse particulièrement à un casino de Las Vegas, le Royal. Après avoir menacé le proprio (Steffen Zacharias) en vain, il décide de mettre un expert tout juste sorti de prison, Hank McCain (John Cassavetes), sur le coup : faire un casse du casino ! Mais, Adamo se rend compte que l’établissement appartient à ses propres patrons, Don Salvatore et Don Francesco (Salvo Randone et Gabriele Ferzetti). En grande danger, il fait annuler l’opération…mais McCain ne l’entend pas de cette façon…
Giuliano Montaldo (Sacco et Vanzetti, A l’aube du cinquième jour…) réalise avec Gli intoccabili son deuxième polar après Le carnaval des truands en 1967. Nous sommes ici plus proches des codes du polar à l’ancienne, film noir américain que du poliziottesco. D’ailleurs, le fait que le film fût tourné aux Etats-Unis avec un casting américano-italien le confirme. Bien qu’encore méconnu, Gli intoccabili mérite sans doute plus d’audience, notamment par son habile peinture de l’organisation mafieuse et des casinos qui fait songer à des films postérieurs comme Le parrain ou Casino. Pour rester dans les références, la scène du casse m'a fait songer à une mission sur GTA 5, où comme McCain, on devait mettre le feu aux poudres avant de revenir en pompier accomplir le braquage !
On y retrouve aussi le schéma inhérent au film noir, un homme seul allant à l’encontre des règles et se retrouvant dans l’œil du cyclone, fuyant inexorablement une mort annoncée dès la mise en branle des tueurs de l’organisation. Même si nous sommes loin des effusions de sang des poliziottesci, ce polar reste sombre, cruel et implacable, à l’image de la fin de Charlie Adamo et de notre héros. Pas de happy-end, peu ou pas d’humour et un personnage principal austère, détestable, individualiste n’ayant même pas le sens de la famille…
Montaldo réalise donc ici un polar de qualité, malgré un manque de rythme certain jusqu'au casse où là les dés sont jetés... Parmi les points forts du film, comment ne pas évoquer ce superbe casting porté par John Cassavetes. A l'instar d'un Orson Welles, il multiplia les rôles dans diverses productions afin de produire ses propres projets, comme Husbands, tourné peu après avec un certain Peter Falk, rencontré justement sur ce tournage. Les deux sont ici excellents, l'un parfait en gangster romantique d'une autre époque, l'autre en Al Capone de pacotille trop gourmand et dépassé par sa garce de femme, jouée par l'exquise Florinda Bolkan (Enquête sur un citoyen..., Le venin de la peur, la longue nuit de l'exorcisme...).
Les mafieux de service sont ici parfaits, plus vrais que nature. Le toujours excellent Gabriele Ferzetti (A chacun son dû, Il était une fois dans l'Ouest, Portier de nuit...) campe un Don soufflant le chaud et le froid, le grand Salvo Randone figure en parrain désabusé et Luigi Pistilli est, comme toujours, très bon dans son rôle de second de Adamo. Tony Kendall retient aussi l'attention dans son personnage de nettoyeur faussement cool.
N'oublions pas l'exquise Britt Ekland, future James Bond Girl et inoubliable dans The wicker man, et surtout la grande Gena Rowlands (Gloria, Une femme sous influence...), femme de Cassavetes. Malgré un tout petit rôle, elle illumine le film de sa gouaille (un faux-air de Simone Signoret me faisait remarquer ma compagne...). On ne peut d'ailleurs que regretter que son personnage jusqu’au-boutiste et loyal ne soit pas plus approfondi tant il recelait de promesses avec un duo Hank McCain-Rosemary Scott, sorte de Bonnie & Clyde à la Montaldo !
Enfin, Il Maestro Ennio Morricone nous livre ici une bien belle B.O. , sa musique emballe parfaitement le film, notamment cette superbe chanson, la ballata di Hank McCain, interprétée par Jackie Lynton. Je vous recommande aussi le morceau Shake /Party Music.
La B.O. : https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_m1Lek9oG6VnCFWUFem9lLzUlzdMTqONUE