Le film frappe fort sur la représentation des crimes de guerre et la détresse des populations civiles. Il nous prend à la gorge et nous laisse sans voix, grâce à son image très travaillée, ses décors magnifiques et ses seconds rôles et figurants très crédibles. Le scénario tient également la route à quelques exceptions près (un coup les américains ont peur de l’ingérence, et puis finalement non).
Pour autant, il existe un problème avec le personnage principal, sous-joué par Bruce Willis. Le problème n’est pas de montrer un soldat endurci devenu indifférent à toutes les horreurs de la guerre, mais visiblement ce n’est pas le rôle de Willis, qui décide d’aller à l’encontre de ses ordres pour aider la population locale. Et si tous les autres personnages, y compris les autres soldats, sont atteints par la tragédie générale, lui garde toujours la même expression faciale fermée. Ce qui crée un problème d’empathie, soit avec le personnage, soit avec la situation.
L’autre problème principal du film repose sur un manichéisme assez malvenu, mais étrangement pas dans sa représentation des américains. L’imbroglio ethnique se résume à « gentils défenseurs chrétiens et innocents de la démocratie » contre « méchants tueurs de bébés », alors même que l’introduction semble indiquer une situation beaucoup plus en nuances de gris. Ce manichéisme est renforcé par une musique, certes de bonne facture, mais trop appuyée et trop mélodramatique, devenant aussi subtile qu’un gros prompteur rouge « pleurer ».
Bref, un film plutôt bien réalisé mais loin d’être exempt de défauts, et finalement assez oubliable.