Stupeur et tremblements.Jamie,glandeur de bonne famille et séducteur compulsif,se lance dans la carrière de visiteur médical.Son culot,son charme et son bagout y font merveille et lui ouvrent la voie royale.Mais il tombe amoureux de l'adorable Maggie,ce qui remet tout en question car la belle est atteinte de la maladie de Parkinson.Ce bon vieux Edward Zwick,réalisateur et coscénariste du film,nous offre ici une belle surprise.Lui qui nous avait habitués à des grosses machines sans âme retrouve là une pêche qu'on ne lui avait pas connue depuis "A propos d'hier soir",son premier film en 86.Il réussit l'exploit de traiter de front un brûlot bien acide sur le commerce de médicaments et une comédie romantique hard.Les moeurs de l'industrie pharmaceutique sont passées au lance-flammes,sans concessions.Bienvenue dans le monde des marchands de médocs,sociétés ultra-capitalistes obsédées par le profit,qui envoient sur le terrain des VRP qui sont là pour faire du chiffre et se foutent éperdument de la santé publique.Tous les coups sont permis pour niquer les concurrents,l'efficacité des produits est aléatoire,les effets secondaires indésirables sont dissimulés et les personnels de santé,à commencer par les médecins,carrément corrompus.Et le film ne se gêne pas pour citer nommément les marques et les produits.Jamie travaille pour le puissant laboratoire Pfizer,les antidépresseurs Prozac et Zoloft se livrent une guerre sans merci,tandis que l'arrivée du Viagra révolutionne le marché des vaso-dilatateurs.Il faut dire que le film est l'adaptation d'un livre quelque peu autobiographique de Jamie Reidy,ancien commercial de chez Pfizer.Puis arrive cette histoire d'amour inattendue entre Jamie et Maggie,deux personnages a priori mal assortis.Lui est un garçon plein d'avenir et un serial baiseur au coeur sec.Elle,Parkinson stade 1,sait que le temps lui est compté,que la dégénérescence la guette,et elle fuit l'amour pour ne pas souffrir et ne pas faire souffrir les autres.Deux beaux personnages qui vont chacun accomplir une partie du chemin pour aller vers l'autre et se trouver.Des questions cruciales se posent tout au long de leur parcours.Peut-on changer par amour?Peut-on changer tout court?Jusqu'où peut-on aller pour quelqu'un qu'on aime?Peut-on accepter de perdre la personne qu'on aime?Est-on prêt à tout sacrifier,même en sachant que la situation est sans issue?Faut-il se fier aux apparences?Jamie se révèlera être un type beaucoup mieux qu'il ne le pense,Maggie devra se laisser apprivoiser et accepter son amour.Leur relation,zébrée de convulsions violentes,ne sera pas de tout repos mais leur fera appréhender les vraies priorités existentielles.Contrairement à ce qu'on pourrait croire,"Love et autres drogues" n'est pas un mélo plombant,même si les scènes bouleversantes abondent.L'ambiance tragique est largement tempérée par le versant "investigation" de l'oeuvre,qui dévoile les dessous pas propres du business médicamenteux,et par un humour caustique qui s'articule harmonieusement à l'ensemble,Zwick gérant impeccablement son affaire.Se succèdent ainsi des scènes terrifiantes,comme celle où le mari d'une Parkinson stade 4 explique à Jamie la réalité de la maladie,et des moments désopilants,notamment quand Josh,le frère du héros,intervient dans l'histoire.Les deux acteurs principaux sont grandioses.On sait que Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway sont des pointures,mais ils sont là à leur meilleur et leurs jeux s'accordent à la perfection.Ils restituent à merveille les nuances de personnages complexes.Et ils n'hésitent pas à se donner à fond lors des nombreuses scènes de sexe et de nudité,tout à fait inhabituelles dans le cinéma hollywoodien de grande consommation.Les seconds rôles tapent dans le haut niveau.L'indispensable Oliver Platt,la Rolls des acteurs de complément,dynamise toutes ses apparitions,et Hank Azaria est extraordinaire en toubib queutard et désabusé.Quant à Josh Gad,il est tout bonnement incroyable en geek obsédé sexuel,emploi proche de celui qu'il occupera dans "Pixels" en 2015,et il faut le voir se branler devant les sextapes de son frangin.La musique de James Newton Howard,classe et discrète,colle idéalement aux images.

pierrick_D_
8
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le 12 juin 2018

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