Le cinéma de Durendal, Besson, la vie

Critique tapée à chaud, j'ai pas forcément l'habitude, pardonnez le bazar. Mais à film vite fait, réponse expédiée.


Personne n'est dupe, le marketing peut faire et défaire un film. Vaste fumisterie, Lucy n'est pas un film sympa. Il est plutôt gonflant. Un produit voué à faire passer les vessies pour des lanternes (1), et qui avale, digère puis évacue sur la toile des films qui n'ont quasiment jamais leur place dans les multiplexes.


Inutile de vous le résumer, on a tous vu la bande-annonce. Sachez juste que Besson, visiblement en manque de reconnaissance critique, est allé piocher son inspiration ailleurs que dans son propre travail pour une fois. Ce qui ne l'empêche pas de refaire du Taxi, mais là, ce sont de grands noms qui posent leurs fesses sur le siège arrière.


Avec ses inserts animaliers, le film évoque immédiatement The Tree of life. Sauf que le film s'en tient aux intentions et n'use du dispositif que comme métaphore niveau CP. "Tu as vu, les gens de la vraie vie font comme les animaux dans la nature !". Il le fait une fois, deux, trois, mais jamais en continu. Pensez-vous, trop risqué.


Avec son long flash-back qui va faire sensation chez ses fans acharnés (2), le film rappelle Baraka et Samsara. Normal : il en emprunte certaines images puissantes dans un montage ultra-rapide. Ces films étaient de lentes méditations muettes. Sans couilles, sans gloire : ici Morgan Freeman nous explique tout en voix-off.


Son climax à l'imagerie marquée, il le pompe sans vergogne sur la magnifique version animée de Metropolis et Akira. La connaissance infinie qui sature l'organisme, le contrôle d'un vaste réseau, le décor confiné qui se métamorphose... Tout y est, on a juste changé le robot/adolescent par une jolie femme et le trône par une chaise de bureau.


Terrence Malick, Ron Fricke, Katsuhiro Otomo et Rintaro convoqués dans Lucy, ça fait le même effet que d'entendre du Philip K. Dick récité puis moqué par Cyril Hanouna. Film-tweet qui copie/cite en vrac des films trop grands pour lui, Lucy trahit constamment son pitch et ne s'en cache même pas.


Même en mettant de côté ces références sans doute trop prétentieuses de ma part, comment ne pas halluciner face à un script aussi bas de plafond qui se la joue philosophe, faisant de sa soi-disant héroïne une énième nunuche en manque de love, sans compter le peu d'imagination conviée dans la représentation des capacités intellectuelles de Scarlett ?


Bref, du fond du coeur, allez découvrir Samsara, Metropolis et le cinéma de Malick. Certes, ils demandent de l'attention, de la patience, mais j'aurai toujours plus de respect pour eux (moi qui ne suis carrément pas fan de The Tree of life) que pour ce triste avatar.


Une scène à sauver néanmoins : le long coup de fil où un seul gros plan accompagne Lucy en train de décrire ses nouvelles sensations, en larmes, alors que sa mère est à l'autre bout du fil. C'est simple, ça fonctionne, et c'est le seul moment où Besson traite son excitant sujet avec l'intégrité qu'il affiche en interview.


(1) http://lc.cx/zi9


(2) http://youtu.be/V7CjXzyA92s?list=UUcliHNE38fJ4n4gYYB0TCQw


Au sujet de la vidéo, j'ai plutôt horreur du bashing. Prendre une tête de turc et se défouler dessus derrière son clavier, sans moi. Quand certains ont cru bon de lancer une campagne anti-Mélanie Laurent, j'ai trouvé ça chaud. Mais là le Dudu... Tu fais tes chroniques avec sincérité, et ça j'apprécie. Mais faudrait voir à élargir tes horizons, aussi.

Fritz_the_Cat
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le 9 août 2014

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Fritz_the_Cat

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