L'amusant Lupin III : The First, sorti sur nos écrans de cinéma en 2020 (oui, je vous jure), a remis en avant le célèbre personnage crée par Monkey Punch en 1967 dans des mangas à la gloire de ses méfaits, dont on peut enfin en découvrir la teneur en 2021 dans une excellente anthologie. Ce voleur fripouille s’est pendant longtemps fait connaitre par ses nombreuses adaptations animées dont celle de Hayao Miyazaki, Le Château de Cagliostro en 1979.
Moins connu chez nous, le personnage a tout de même eu droit à différentes adaptations. Lupin III étant le petit-fils d’Arsène Lupin, les ayants-droits lui refusèrent longtemps ce nom, si bien que pendant longtemps il s’appela Edgar de la Cambriole ou encore Vidocq IV. L’adaptation DVD de Manga Player reprend elle le nom de Wolf, choisi sur le territoire américain, alors que la jaquette fait référence à Cliff Hanger, un bien joli nom, mais qui n’a été utilisé qu’une fois pour le personnage, sur un obscur jeu d’arcade de 1983 pour le marché américain.
Le personnage a eu droit à plusieurs séries animées, des films mais aussi des téléfilms. Goodbye Lady Liberty est le premier d’une longue série de productions à la régularité annuelle de « TV Specials » de 1989 à 2013, tout de même, et qui depuis sortent plus irrégulièrement. La réalisation est confiée à Osamu Dezaki, qui était l’un des artisans respectés de l’animation des années 1970-1980 avec les séries Jeu, Set et Match, Rémi sans famille ou Space Adventures Cobra et qui avait déjà travaillé sur la première série de Lupin.
L’ADN de la série est conservée, avec ses personnages hauts en couleur et ses aventures rocambolesques. Lupin reste au centre, cette fripouille longiligne, malin comme un singe, avide de tout ce qui brille mais avec un petit coeur sous sa veste cintrée, habituellement rouge. Autour de lui gravitent deux associés, l’imperturbable Daisuke, fine gâchette, au regard caché par son chapeau, ou Goemon, fine lame, samurai d’un temps ancien au code moral respectable, une belle équipe qui se réunit ou se sépare au fil des occasions, des casses prévus ou des aventures à suivre. La belle et équivoque Fujiko, voleuse et alliée ou rivale, ou l’inspecteur Koichi sont aussi de la partie, mais leurs rôles ont moins d’importance que dans d’autres productions.
Ce qui va animer Lupin pour cette aventure, c’est la promesse d’un trésor, un diamant caché, recherché par une organisation secrète criminelle, en lien avec l’existence d’un virus qui pourrait effacer des archives électroniques tous les dossiers que la police possède sur le voleur fripouille. La plus grande des folies ne sera rien de moins que l’enlèvement de la Statue de la Liberté où le diamant est caché.
Cette nouvelle production ne lésine pas sur une histoire à l’action exagérée, aux rebondissements décontractés. Elle introduit de nouveaux personnages, liés d’une façon ou d’une autre à cette organisation secrète, dont la belle et troublante Isabella, secourue par Goemon qui lui apportera un soutien qu’il finira par regretter, ou le petit génie informatique Michael, petit enfant désabusé, qui ne sera pas le meilleur ajout, et d’autres membres très méchants, avec un N°1 centenaire à l’haleine morbide.
L’histoire se suit, avec son rythme assez écervelé et son humour appuyé, les protagonistes, Lupin en tête, n’étant pas avares de petites piques et autres plaisanteries. Goodbye Lady Liberty se divise en deux parties qui n’ont toutefois pas le même intérêt, la première partie est agitée, à la recherche d ce diamant, la deuxième, et sa confrontation contre l’organisation secrète, plus convenue, même si malgré tout amusante.
La bande son est signée Yūji Ōno, fidèle compositeur de la licence, et quel régal d’entendre les musiques emblématiques de la série, jazzy et pêchues, proposées ici avec quelques réarrangements et nouvelles pistes où le synthétiseur n’est pas mal utilisé.
Mais, il faut bien le reconnaître, ce « TV Special » n’a pas non plus le budget d’autres films consacrés au personnage. Le design élancé, anguleux et souple des personnages est respecté, mais l’animation est limitée, les décors génériques. Et pourtant cela n’empêche pas ce téléfilm de jouer sur d’autres artifices, d’utiliser des illustrations pour appuyer telle fin de scène, ou de proposer un montage très dynamique, qui n’empêche pas certaines idées de mise en scène assez réussies, à l’image de la mort de Rooster, personnage secondaire qui va lancer le récit. Les contraintes sont là, et pourtant cet épisode de Lupin s’élance de la plus belle des manières, contournant comme il peut une économie de moyens.
C’est pour cela qu’il ne faudrait pas dédaigner cette nouvelle aventure de Lupin, qui arrive à garder le ton enjoué et malin de la série, mais aussi ses faiblesses, l’histoire n’étant qu’une suite de péripéties et de relations entre les personnages, amusants et taquins. C’est une nouvelle fois un vrai divertissement qui nous est offert, à la légèreté assumée, à la bonne humeur contagieuse.