Il n'y a rien à faire, je n'aime pas le cinéma de Bruno Dumont.
Hadewijch, P'tit Quiquin et La vie de Jésus que je n'ai même pas noté...
Cet homme là confond surréalisme et mépris de l'humain. Les humains qui hantent ses productions sont laids, débiles et méprisables. Qu'ils soient des gens simples ou de la 'haute' aucun ne vaut le détour. Si la laideur et la bêtise sont bien réelles dans ce bas monde, point n'est besoin d'en faire des tonnes au point de mépriser l'humain dans sa globalité.
Mais peut-être je prête à Bruno Dumont une profondeur qui n'est pas. Peut-être est-ce juste de l'humour, du dérisoire, du clin d’œil... Si tel est le cas, c'est encore plus triste, car l'humour est plat, répétitif (tout le monde tombe dans 'Ma Loute' dans des bruits de ballon de baudruche... ah ah ah qu'est ce que c'est drôle !) et lent, très lent et vide, très vide...
'P'tit Quiquin' ayant rencontré un certain succès (?!?), Bruno Dumont a décidé de s'auto-plagier dans un long métrage (très, très long, 2 heures). Ayant réussi à trouver des financements de cinéma, il décide de voir grand, trois acteurs bankables (Lucchini, Binoche et Bruni-Tedeschi), et affiche des ambitions esthétiques photographiques.
Mais la mayonnaise ne prend pas.
Les acteurs en font des tonnes mais de manière incohérente et inconsistante. Lucchini, par exemple, a travaillé un phrasé prometteur, mais parfois, il oublie et fait du Lucchini...
Le prétendu humour largement inspiré de Jacques Tati (Les chutes, les bruitages, les mouvements de foules, la mise en scène rigide et empruntée) sonne faux, et ne m'a même pas tiré un sourire.
La photographie basée sur la sur-utilisation du dé-saturé sur-contrasté légèrement surexposé à tendance bichromique, parfois bleue, parfois marron (oui, c'est un code très subtil pour décrire les différents univers, les riches, les pauvres. Et encore, pas toujours dans le même ordre...) donne parfois de jolies vues du paysage qui ne sont pas sans me rappeler certains de mes essais sur Photoshop. On retrouve là les vieux réflexes du cinéaste publicitaire. Jean-Jacques Beineix avait inauguré le principe dans 'Diva' mais avec beaucoup plus de réussite et de brio.
Le fait que l'intrigue (enfin, ce qui fait office d'intrigue, tant le propos est mince) se déroule dans un Nord Pas-de-Calais peuplé de débiles, anthropophages, et consanguins n'a finalement que peu d'importance, car la haine de l'humain de Bruno Dumont aurait très bien pu se vomir dans n'importe quelle autre région de France. J'ai juste un peu mal au cœur pour mes amis nordistes dont la simplicité apparente s'accompagne souvent d'un grand cœur et d'une joie de vivre dont Bruno Dumont ne semble pas avoir été pourvu.
Pour moi, ce film est un naufrage hautain et méprisant tout autant que méprisable.
On gagnera un temps précieux en évitant ce boulet malsain.