Avant de mourir sur le bûcher, Jennifer (Veronica Lake), sorcière de son état, lance sur toutes les générations de la famille Wooley, ses dénonciateurs, une malédiction qui les empêche de faire un mariage heureux. Seulement, dans les années 1940, un orage libère Jennifer et son père (Cecil Kellaway), un jour avant le mariage de Jonathan Wooley (Fredric March) et deux jours avant des élections qui peuvent le voir devenir gouverneur de la région. Par vengeance, Jennifer va se faire un plaisir de semer le désordre dans la vie de Jonathan, afin de lui faire perdre la tête, les élections, et aussi sa femme. Mais même nos propres pièges peuvent se retourner contre nous…
Comédie de la période américaine de René Clair, Ma femme est une sorcière montre que l’immigration forcée du réalisateur français ne lui a pas fait perdre la main. Ses effets comiques, parfaitement rôdés, fonctionnent aussi bien que ses effets de mise en scène, tout autant sobres qu’inventifs, qui permettent au film de conserver une éternelle jeunesse...
Ainsi, il est impossible de ne pas se délecter des aventures du pauvre Jonathan Wooley, qui ne parvient pas à se débarrasser de son envoûtante amante. Ce serait d’ailleurs dommage qu’il réussisse, puisqu’elle possède le charmant visage de Veronica Lake, ainsi qu'une capacité fascinante à se glisser dans les bouteilles, qu'on voudrait pouvoir imiter, ou encore des atouts non négligeables en termes de stratégie électorale, aussi peu démocratiques qu’hilarants, qui permettraient l'impossible, même de donner une chance à un Fillon en pleine débâcle médiatique...
Les pouvoirs de Jennifer et de son père sont donc une source inépuisable de comique, rythmant cette comédie allègre signée par un René Clair au meilleur de sa forme… c’est-à-dire comme dans chacun de ses films. Pour enchaîner autant de réussites, il faut vraiment qu'il ait épousé une sorcière !