Un mètre cinquante-et-un de charme et de sensualité, une voix lente et suave, et surtout une épaisse chevelure blonde lui couvrant partiellement le front et parfois l’œil, la pétillante Veronica Lake fut l’une des actrices les plus en vue dans les années 1940. Sa coupe de cheveux caractéristique, le "peekaboo", devint tellement populaire chez les femmes qu’elle occasionna de nombreux accidents d’usine durant la deuxième guerre mondiale, à tel point que l’on demande à Lake d’en changer – ce qui coïncida étrangement avec la fin de son succès et, incidemment, de sa carrière.


Avant de former un duo prolifique avec l’un des plus petits acteurs d’Hollywood, Alan Ladd (1.68 m – la taille idéale, je vous assure), elle tourne « I Married a Witch » en 1942 avec Fredric March, sous la direction du réalisateur René Clair.


Au XVIIe siècle, en Nouvelle Angleterre, la sorcière Jennifer est brûlée avec son père, après avoir été jugée par le pasteur Jonathan Wooley, non sans avoir eu l’occasion de lancer une malédiction héréditaire à son encontre : les descendants mâles de la famille Wooley ne seront jamais heureux en mariage.


En 1942, la foudre s’abat sur l’arbre qui avait été planté à l’emplacement du bûcher, libérant les esprits immortels de la sorcière et de son père. Tout heureux d’avoir été relâchés parmi le monde des mortels, ils décident de se venger des Wooley en la personne de leur descendant actuel : Wallace, favori à l’élection du gouverneur de l’état, qui s’apprête à épouser Estelle Masterson, l’abominable fille d’un puissant homme d’affaire dont le soutien est indispensable à Wooley…


D’une durée assez courte (77 minutes), le film constitue une comédie très agréable qui exploite assez habilement l’ajout de fantastique (ici, des pouvoirs magiques variés et assez omnipotents…) pour servir la comédie et donner lieu à des situations drôles. Il est par ailleurs intéressant de noter que dès que l’on donne des pouvoirs surnaturels à quelqu’un, l’une des premières idées qui vient est de s’en servir pour faire chier le monde – un objectif tout à fait honorable s’il en est.


Le film repose aussi largement sur les mignonnes épaules de Veronica Lake, qui joue avec délice une adorable garce, aussi bien à l’écran qu’en coulisses, d’ailleurs. Le rôle de Fredric March fut offert à Joel McCrea qui l’a refusé pour avoir déjà tourné avec Lake dans « Sullivan’s Travels », et ne s’était pas entendu avec l’actrice. Le scénario se reproduisit avec March, qui fut victime des facéties de la jolie blonde (qui lui assena notamment un coup de pied à l’aine hors champ, et se munit d’un poids de 20 kg caché sous son costume en prévision d’une scène où son partenaire devait la transporter).


« I Married a Witch » (ou, comme le surnomma finalement Fredric March, « I Married a Bitch »), constitue un agréable divertissement, une comédie gentillette et plutôt drôle qui exploite l’ajout de pouvoirs magiques pour créer des scènes comiques. Un passage incontournable pour les inconditionnels de la belle (et chieuse) Veronica Lake.

Aramis
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Films vus en 2015 et Top 10 Films de l'année 1942

Créée

le 18 juin 2015

Critique lue 547 fois

8 j'aime

5 commentaires

Aramis

Écrit par

Critique lue 547 fois

8
5

D'autres avis sur Ma femme est une sorcière

Ma femme est une sorcière
Ugly
7

Une sorcière ou un ange ?

Exilé aux Etats-Unis pendant la guerre, René Clair s'est bien adapté au système hollywoodien et livre son second film américain, après la Belle ensorceleuse et avant C'est arrivé demain, sans doute...

Par

le 29 juin 2019

17 j'aime

8

Ma femme est une sorcière
Aramis
7

La revanche d'une blonde

Un mètre cinquante-et-un de charme et de sensualité, une voix lente et suave, et surtout une épaisse chevelure blonde lui couvrant partiellement le front et parfois l’œil, la pétillante Veronica Lake...

le 18 juin 2015

8 j'aime

5

Ma femme est une sorcière
Sarah_Connor
7

Critique de Ma femme est une sorcière par Sarah_Connor

Une charmante comédie humoristique, assez classique dans le thème : la sorcière tombant amoureuse de l'homme qu'elle souhaitait charmer pour faire payer la faute de son ancêtre. On appréciera la...

le 4 nov. 2010

5 j'aime

2

Du même critique

Shanghaï Express
Aramis
7

Docteur H. et les Femmes

En 1931, Josef von Sternberg retrouve Marlene Dietrich pour un quatrième film, « Shanghai Express ». L’histoire est située en Chine, et, plus précisément, dans le train éponyme qui relie les villes...

le 16 avr. 2015

19 j'aime

9

Thelma et Louise
Aramis
10

The girls the authorities came to blame

Le 24 mai 2016, à l’occasion des vingt-cinq ans du film, j’ai vu, pour la troisième fois, « Thelma et Louise ». Deux heures après, pour la troisième fois, le film s’achevait et me laissait le cœur...

le 5 juin 2016

19 j'aime

4

La Comtesse aux pieds nus
Aramis
5

Le conte de l'ennui

En 1954, Joseph L. Mankiewicz réunit deux monstres sacrés du 7e art : Humphrey Bogart et la belle Ava Gardner – qui lui est "prêtée" à prix d’or par la MGM – pour son film « La Comtesse aux pieds nus...

le 6 avr. 2015

18 j'aime

9