Exilé aux Etats-Unis pendant la guerre, René Clair s'est bien adapté au système hollywoodien et livre son second film américain, après la Belle ensorceleuse et avant C'est arrivé demain, sans doute le plus connu et aussi le plus réussi. Il s'agit d'une fable fantastique, drôle, poétique et savoureuse où René Clair fait preuve de son élégance française, assortie de son goût du divertissement à la fois raffiné et populaire qui s'intègre naturellement au nosense anglo-saxon.
Il faut en goûter le charme sentimental et sa charge au comique léger qui en profite pour se travestir derrière une sorte de jeu de massacre social, car les tares d'une mentalité conservatrice y sont épinglés avec malice et allégresse. Avec très peu d'effets spéciaux, mais beaucoup de poésie, le réalisateur a réussi une fantaisie de grande classe, où le charme piquant et délicieux de Veronica Lake n'y est pas étranger, elle incarne une irrésistible sorcière moderne, plus angélique que diabolique, le film lui doit beaucoup. On y reconnait aussi Susan Hayward alors débutante.
A noter que le film aurait inspiré la série Ma sorcière bien-aimée qui se moquait gentiment de l'american way of life des sixties, les producteurs du film l'ont toujours nié, mais pourtant, le personnage incarné par Veronica Lake possède plusieurs points communs avec celui de Samantha qu'incarnait Elizabeth Montgomery dans la série.