Visuellement, on peut dire que ce Mad Max est une belle réussite.
2h de courses-poursuites endiablées, d'explosions, de fusillades, de tempêtes de sable et de cascades folles dans le désert, filmées aux petits oignons par un George Miller en grande forme. Malgré le rythme effréné de l'action, chaque scène, plan, insert reste lisible et net, et ce grâce à une photographie impeccable et une caméra qui ne tremble pas une seule seconde. Les décors ne sont pas en reste, surprenants d'authenticité et d'esthétique (ceci étant peut-être du à la quasi-absence d'images numériques indigestes). Et, étonnamment, la 3D n'est pas si mauvaise !
Autre point positif, les acteurs : Tom Hardy impressionne par son interprétation sans faille d'une bête humaine sauvage et traquée, tandis que Nicholas Hoult trouve ses aises dans le rôle d'un jeune disciple formaté et attachant. Mais celle qui crève l'écran est sans aucun doute Charlize Theron, dont le personnage semble avoir été le plus mis en avant, et dont le charisme contribue clairement à la réputation "féministe" du film.
Que dire du reste ?
Si l'on acquiescera volontiers le choix du réalisateur d'avoir privé son film d'un quelconque aspect explicatif (la seule scène d'ouverture se prête à la narration) pour nous plonger tête la première dans son univers post-apocalyptique décoiffant, ledit univers aurait tout de même mérité d'être un peu plus développé. Non pas qu'une bande de pauvres diables perdus dans le désert à la merci d'un fou-furieux avec un masque tête-de-mort et son armée de zinzins peinturlurés ne soit pas accrocheur, mais passée la première heure de film tout est déjà dit. La seconde ne comporte donc aucune surprise, et se bornera seulement à jouer exactement la même chose que la première, dans le sens inverse.
Qui plus est, limiter le background des personnages à des flash-backs répétitifs (et au final, assez inutiles) pour Tom et quelques répliques avec un parfum de déjà-vu pour Charlize nous fait perdre en attachement pour ces derniers. Bien que cela permette de maintenir le rythme de l'action et de limiter les moments de pause où pourraient s'installer l'ennui et la mièvrerie, ce choix de la part du réalisateur risque de laisser un petit goût d'inachevé chez le spectateur.
On regrettera également l'absence d'une bande-son plus aboutie ou d'une séquence mémorable entre toutes, au milieu de ce spectacle pétaradant de couleurs et de vrombissements tout juste bon au final à remuer les tripes un bon coup, et à faire profiter d'une réalisation remarquablement soignée...
Ce qui, admettons-le, est bien rare de nos jours.