Voilà j'ai enfin réussi à le voir ce "Melancholia" et la récompense est à la hauteur de mes espérances.
Je ne vais pas faire long car tout a été à peu près dit sur ce film. Bien sûr il y a l'esthétisme à tomber à la renverse, mais là pas forcément de surprise, le danois n'a jamais été particulièrement manchot et même ceux qui ont détesté "Antichrist" reconnaissent la beauté de certaines séquences. Pour moi, la scène d'ouverture est une des choses les plus belles qu'il m'ait été donné de voir.
Mais passons et venons-en à "Melancholia". En même temps, difficile en le voyant de ne pas parler d'autres films de LVT tant ce film semble être la synthèse de sa filmographie passée, à tel point que la première partie nous replonge clairement dans le Dogme et plus précisément dans "Festen" (comme quoi il n'est pas si égocentrique que ça le danois).
Ce retour en arrière semble d'ailleurs coïncider avec une forme de sagesse qui semble l'avoir touché. Ici point d'hystérie mais plutôt une certaine douceur, l'homme semble être arrivé à un stade de sa dépression plus apaisé et son cinéma s'en ressent. Rarement, pour ne pas dire jamais, il n'aura mis autant de beau, autant de chaleur dans un film.
Je lis ici ou là qu'on lui reproche de ne pas incarner suffisamment ses personnages, que ceux-ci ne sont pas assez vivants, et je dois dire que je suis surpris par cette remarque. En effet, une seule chose semble obséder LVT depuis un moment déjà, et "Antichrist" en était la parfaite illustration, c'est la mort. Et donc, il nous présente ici des personnages morts, vidés de toute substance. Je dirais même que la plus vivante semble être Justine.
Comme toujours chez LVT, l'interprétation est assez magistrale. Il est vrai que son côté esthète fait souvent oublier qu'il est un remarquable directeur d'acteurs. J'ai d'ailleurs été particulièrement touché ici par la partition de Charlotte Gainsbourg, dans un rôle pourtant extrêmement difficile à camper.
Alors bien sûr, de la même façon que la question s'est posée pour un film qui rentre de manière assez troublante en résonance avec celui-ci, je veux parler de "The Tree of life" (1), on pourra toujours confronter le contenant et le contenu, mais considérant à titre personnel que le cinéma reste avant tout un art, je ne peux que louer la virtuosité à l'œuvre durant 135 minutes, et ce qui est vraiment nouveau chez LVT, une bonne dose d'émotion procurée par une séquence finale qui va me suivre très longtemps.
(1) http://www.senscritique.com/film/The_Tree_of_Life/critique/6230327
http://www.senscritique.com/film/Antichrist/critique/6644922
http://www.senscritique.com/film/Les_Idiots/critique/7031561