MirrorMask
6.3
MirrorMask

Film de Dave McKean (2005)

Sorti en 2005 MirrorMask n’est pas très connu, et pourtant il rassemble différents grands noms qui titillent habituellement les passionnés d’images et de littératures où l’imaginaire est roi.


Le film est produit par la Jim Henson Compagny, alors en grandes difficultés. En 2003, elle vendra certaines de ces célèbres licences, dont les Muppets, à l’ogre Disney. La compagnie veut alors produire un film de fantasy dans la continuité de deux de ses grands succès des années 1980, Dark Crystal et Labyrinth.


Le projet n’est pas confié à n’importe qui, puisque ce sont les grands Neil Gaiman et Dave McKean qui acceptent l’offre. Le premier est un grand scénariste et romancier, il s’occupe de l’histoire, le second est un homme à casquettes, dessinateur, illustrateur, photographe, à lui la direction artistique et la réalisation.


Les deux hommes se connaissent bien, ils travaillent ensemble depuis les années 1980, à l’œuvre sur des bandes dessinées reconnues (Arkham Asylum) ou indépendantes, mais aussi des albums pour la jeunesse (mais pas que) fascinants, tels que Mes cheveux fous. Avec ce film de nombreux parallèles peuvent être faits avec le reste de leur oeuvre.


Son scénario évoque ainsi une des marottes de l’auteur Neil Gaiman, sa fascination pour l’imaginaire, pour le fantastique, ce qui peut exister en dehors de notre réalité, bien souvent décevante mais pourtant socle de nos vies.


Pour Helena, adolescente, sa vie dans un cirque ne lui apporte pas la satisfaction qu’elle aimerait, elle rêve d’une vie plus simple, plus ordinaire. La réalité la rattrape quand sa mère tombe gravement malade, le quotidien autrefois chatoyant devient alors gris et urbain, dans une ville anglaise délaissée.
Mais pourtant un soir, c’est un autre monde qu’elle découvre, un univers fantastique mais aussi inquiétant, où elle est prise pour une princesse disparue. Dans ce nouveau monde, divisée entre la lumière et les ténèbres, elle croise des visages connus, celui de son père et de sa mère, mais aussi un inconnu, le jongleur Valentine, râleur, fort en gueule mais aussi un peu froussard.


Ce monde étrange, composite, aux créatures biscornues, aux architectures parfois absurdes, n’est que le cadre d’un rêve selon Helena, reprenant le style de ses nombreux dessins. Mais pourtant, quand elle regarde par certaines fenêtres, elle voit ce qui se passe dans sa chambre dans le monde réel, et y constate qu’une autre Helena y a pris place.


Le film prend les allures de quête fantastique, d’un pied dans l’imaginaire mais avec un autre dans la réalité. Les préoccupations d’Helena sur le sort de sa mère ne sont pas oubliées, cette autre “elle-même” l’intrigue.


Différentes péripéties composent donc l’aventure, avec différentes rencontres. Le film n’a pas le souffle épique d’autres productions, mais il n’en a pas les moyens non plus. Pourtant une certaine fascination s’exerce, à la découverte du monde crée par Dave McKean, secondé par Zoe Trodden.


Le film use d’effets spéciaux numériques, d’acteurs principalement filmés sur fonds bleu, retouchés par la suite. Et cela se voit, l’incrustation est parfois délicate, certaines modélisations bien trop sommaires, les textures sont trop simples, le film a parfois la main lourde sur l’emploi des filtres.
Cette technique fera parfois sortir le spectateur de sa sidération, parfois cruellement. Car le film ne manque pas d’idées visuelles, où on retrouve le style composite, fouillis et étrange de Dave McKean, à base d’effets numériques, de textures photographies ou de dessins. Les atmosphères sont brumeuses et étranges, dans des teintes vertes fatiguées, ou plus caverneuses. Certaines scènes fascinent par leur audace esthétique, à l’image de cette place remplie d’escaliers en colimaçons ou de cette jungle d’échafaudages habitée par d’étranges créatures.


Cette histoire étrange est menée par une poignée d’acteurs, le plus souvent sur plusieurs rôles, symboles de la dualité du film. Stephanie Leonidas est une belle révélation, encore un peu brute dans son jeu. L’acteur le plus sidérant est pourtant celui qui joue Valentine, Jason Barry, alors qu’il a sur le visage un masque qui lui en recouvre la moitié. Sa gestuelle exagérée et ses intonations de voix en disent alors bien plus qu’un regard adéquat, une belle prestation pour un personnage très intéressant. Rob Brydon et Gina McKee complètent le casting.


Malheureusement la réalisation de Dave McKean est un peu à la peine, le film proposant parfois ds angles un peu approximatifs, des scènes mal reliées entre elles. Les plans sont parfois confus, mais c’est aussi dû à l’emploi des effets spéciaux, avec des perspectives un peu trop aplaties. Dave McKean revendique un rendu un peu brut, parfois amateur, reflet des dessins d’Helena, mais cette intention n’est guère évidente à retrouver, le budget réduit semble être le principal responsable.


Mirrormask est donc le film étrange qu’il voulait être, mais il ne s’attendait probablement à créer une distance avec son spectateur, parfois captivé, parfois jeté hors du cadre. La faute à une production esthétiquement ambitieuse mais financièrement limitée, malhabile aussi. Cette quête d’une jeune fille ne manque pas d’attraits, ni de symboliques, c’est regrettable.

SimplySmackkk
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le 27 févr. 2021

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SimplySmackkk

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