Découpage simple, fondus au noir, acteur dirigés de manière classique et brutalité du propos traduite par un style quasi documentaire. De temps en temps un moment où la patte de Ken Loach ressort. D'autres vous parleront plus en détails du film lui-même et peut-être même mieux. Ici, intéressons nous un instant au contexte dans lequel ce film à charge sur le système d'aides et d'indemnités au Royaume-Uni sort sur les écrans .
D'un côté une réalité qui est rejointe par la fiction d'un réalisateur à la réputation de filmer le social, le quotidien des démunis. D'un autre une Palme d'or à Cannes.
N'est-ce pas étrange, voire ironique qu'une assemblée essentiellement composée de personnes n'ayant pas à chercher de travail depuis longtemps, souvent loin de la réalité du film, lui descerne le prix le plus convoité de la profession ? Ou est-ce que celui-ci permettra à un plus grand nombre d' être sensibilisé à une réalité proche et parfois qui semble si loin ?
La maison brûle aussi en France. Au fond cette Palme d'Or renvoie au film La Loi du Marché, aussi présent à Cannes, l'année précédente. Comme lors de la sortie de ce dernier certains diront que le trait est forcé. Comme lui il bénéficiera peut être de l'effet Festival de Cannes. Dans les deux cas, tout ce qui est montré est réaliste. Toute personne qui côtoie ces administrations pourra en témoigner. Pour ceux qui sont loin des véritables conditions de la recherche d'emploi, ce sera moins évident. Et les commentaires de ces derniers seront illusoires, voire fallacieux. Dans les deux cas, le choix de ne montrer que la réalité des uns sans montrer celle des autres, c'est à dire les nantis, les "décideurs" par exemple, fait que le film paraît caricaturale. Dans les deux cas on peut se demander si le film est supposé avoir une utilité sociale et à quel point il possède suffisamment une part artistique pour concourir dans un festival. Car au point de vue strictement cinématographique, The Assassin le dépasse sur tous les plans objectifs et classiques. Est-ce au cinéma d'être une série d'images ou doit-on en faire un documentaire ? Nommer l'objet visuel ainsi ? Le cinéma a été dès ses débuts utilisé comme propagande par, notamment, les gouvernements russe et américain. Il n'y a en conséquence pas de raison pour que montrer une réalité connue, mais pas toujours vécue par les spectateurs soit une moins bonne raison d'en faire. Mais justement n'est-ce pas un rachat de conscience de la part du gratin cannois que de récompenser un film comme Moi, Daniel Blake ?
Dans la même lignée et sur un ton humoristique : https://croniquesdiks.files.wordpress.com/2016/11/daniel-blake.jpg?w=1060