Il n'est plus très original aujourd'hui de parler de Xavier Dolan comme un réalisateur talentueux. Mais, avec « Mommy », force est de constater qu'il vient une nouvelle fois nous le montrer, et sans doute de la meilleure des manières depuis « J'ai tué ma mère ». Le succès critique est déjà là, il s'agit maintenant de voir si les retours commerciaux seront conformes aux attentes de Dolan qui cherche là son premier vrai succès populaire international.
Ce film s'y porte d'ailleurs particulièrement bien. Ce sont d'abord trois acteurs admirables de justesse ; nous connaissions déjà Suzanne Clément et Anne Dorval, toutes deux actrices fétiches de Dolan depuis ses débuts, nous rencontrons Antoine-Olivier Pilon (16 ans au moment du tournage!) que j'espère revoir très vite. On y voit tout l'intérêt d'intégrer une intrigue basée sur trois protagonistes tout aussi importants les uns que les autres – et sans qu'il s'agisse d'un ridicule triangle amoureux. C'est une configuration bien trop rare au cinéma qui montre ici toute sa richesse.
Xavier Dolan nous montre une nouvelle fois une maîtrise impeccable de la musique, jonglant les sons diégétiques et extradiégétiques avec l'habilité des plus grands. Comme pour ses précédents films, la bande originale sonne extrêmement juste, ce malgré une sélection de morceaux pour le moins hétérogènes.
Plus que d'habitude (notamment son précédent « Tom à la ferme », où Dolan s'essayait au thriller), l'humour est particulièrement présent dans Mommy. Les caractères bien trempés de la mère et de son fils assurent des dialogues parfois hilarants, l'utilisation du « joual » (dialecte montréalais) par les protagonistes contribuant également souvent à l'ambiance réjouissante caractéristique d'une bonne partie du film – l'autre facette étant le trait dramatique du scénario.
C'est d'ailleurs peut-être là la seule « critique » que je peux apporter au film. La fin traîne un peu en longueur, au risque de voir la charge dramatique s'étioler. Elle n'en reste pas moins bien tournée et surtout fidèle à l'esprit du film.
En quelques mots, c'est du grand cinéma, tel qu'on aimerait en voir plus souvent.