Un poète en panne d’inspiration (Javier Bardem) et sa femme (Jennifer Lawrence) accueillent dans leur maison isolée un couple d’inconnus (Ed Harris et Michelle Pfeiffer), grands admirateurs du poète. Mais le couple va vite s’imposer à l’écrivain et à sa femme, qui le vit particulièrement mal, d’autant plus que la maison dans laquelle elle vit est agitée par des phénomènes de plus en plus étranges...
On se retrouve tous les ans avec un film bizarre sur les écrans. En 2017, c’est le très capable Darren Aronofsky qui s’en charge, et je me demande si rien que pour une telle abnégation, il ne mériterait pas un Oscar. Parce que, dans Mother !, il fait n’importe quoi, et mon estime pour ce réalisateur m'empêche de penser qu’il n’en était pas conscient. Il s’acharne donc ici à relire la Bible pour une raison que j'avoue humblement n’avoir pas trop compris, d'autant moins qu'il le fait d'une manière si intelligible qu'elle ferait passer la (très belle) série The Leftovers pour un sommet de rationalisme cartésien.
Nous proposer une relecture de la Bible, pourquoi pas ? Mais encore faut-il qu’il y ait un message derrière. Or, de message, il est très difficile d’en trouver un dans Mother ! qui, malheureusement, semble plus lorgner du côté d’un 2001, l’odyssée de l’espace et de son exaspérant jus de crâne que de la profondeur et de la justesse de la Bible. Malgré tous les parallèles que l’on opère (si vous voulez en avoir un aperçu, la critique de Cosmic M propose une analyse que je partage entièrement, malgré mon ressenti opposé sur le film : https://www.senscritique.com/film/Mother/critique/125450902), je me suis vite désintéressé d'une intrigue où la prétention ne se le dispute qu'à l'abscons, et qui n'a suscité qu'un seul questionnement chez moi : et-ce que je n'aurais pas pu trouver un moyen plus intelligent de perdre mon temps ?
Reste un beau travail d’ambiance qui met les nerfs à rude épreuve (Jennifer Lawrence a compris comment se débarrasser de son côté tête-à-claque : jouer dans un film où on a encore plus envie de baffer tous les autres personnages qu'elle), et un casting impeccable qui fait bien son travail, avec une forte préférence pour ma part pour Ed Harris, parce que lui, contrairement à moi, a eu la présence d'esprit de quitter le film avant qu'il ne bascule dans le grand n'importe quoi. Le problème, c'est que tout ce travail d'ambiance, qui fonctionne plutôt bien, ne débouche sur rien du tout. Et découvrir qu'on a subi ces deux heures extrêmement éprouvantes pour rien du tout a de fortes chances de provoquer chez le spectateur déçu une réaction qui relève plus du Tambora en 1815 que du simple soupir désabusé qui accompagne souvent la découverte d'une coquille (très) vide...
Il y a tout de même un point sur lequel je m’accorderai sans trop de problèmes avec les admirateurs du film : ce dernier constitue certainement une œuvre cinématographique unique. Sauf qu'en ce qui me concerne, j'espère très fort qu’elle le restera !