Après le deuxième revisionnage pour ma rétrospective sur les Disney, une évidence s'impose : que c'est bon de replonger dans cet univers ! Et si je suis moins convaincu par Mulan que par Le Bossu de Notre-Dame, le film n'en reste pas moins de très bonne facture. Comme dans presque tous les Disney, l'intrigue est parfois bancale, comme dans presque tous les Disney, certains personnages sont bâclés voire même carrément artificiels, comme dans tous les Disney, il y a toujours deux-trois bouilles pour nous arracher un sourire (mention spéciale à la grand-mère de Mulan, juste excellente), mais... mais à côté de cela, il y a tout le reste : une image travaillée et parfois remarquable (l'exemple ultra connu de la charge des Huns dans la montagne), une volonté de mettre en relief les questionnements de l'époque de la sortie du film (les nombreuses guerres des Balkans, l'émancipation de la femme, les attentats terroristes des années 90) et bien sûr, un grand méchant tout vilain pas beau.
Shan Yu de son petit nom, psychopathe mégalomane de son état (vous ne me croyez pas ? J'exagère sans doute ? Regardez plutôt ça, et si ce visage fort sympathique ne vous convainc pas, souvenez vous de la scène dans laquelle il décide de rendre la poupée à la petite fille, en la massacrant elle et tout son village, ça devrait suffire), est un méchant emblématique. D'abord par sa prestance : le procédé est habituel, la contre-plongée, l'aspect sombre et contrasté de l'image font leur petit effet ; ensuite par sa violence : le mec annihile tout ce qui passe, sans distinction d'âge, de sexe ou de quoique ce soit. Néanmoins, il demeure relativement plat, peu complexe, n'ayant qu'un objectif et se contentant de beugler lorsqu'un grain de sable enraye l'engrenage de sa volonté.
Un autre point intéressant concerne les chansons, qui sont toutes passablement mauvaises : la célèbre Comme un homme, lorsque l'on regarde les paroles, est affligeante. Et c'est là que l'on peut réaliser quelque chose d'important dans un Disney : la qualité de la chanson doit beaucoup aussi à la prestance de son interprète ; or, ni Chang ni Mulan ne sont véritablement charismatiques selon moi (c'est ici un avis purement subjectif, je les trouve assez plat, tout comme le reste des personnages du film d'ailleurs), ne permettant à aucune chanson de palier le vide des paroles.
Malgré ses quelques défauts spécifiques, Mulan reste très plaisant à regarder et ne souffre d'aucune longueur ; il accuse en revanche un manque dans sa matière première qui le place au second rang des films du studio, toujours à une longueur de retard d'un Roi Lion ou d'un Blanche-Neige.
Oh, et pour la rétrospective Disney, c'est par ici.