Dans la Chine médiévale, l’empereur appelle un homme de chaque famille à rejoindre son armée pour combattre les Huns qui, selon leur bonne vieille habitude, sont en pleine invasion. Pour empêcher son père de retourner se battre, Mulan, fille unique, décide de prendre secrètement sa place. Revêtant l’armure de son père, elle se fait passer pour un homme et part au combat…
L’Arabie, l’Afrique noire, la Grèce, la Chine… C’est peu dire que Disney aimait nous faire voyager dans les années 1990, et Mulan nous en offre encore un bon exemple. En effet, la Chine impériale offre un nouvel écrin magnifique à cette nouvelle perle made in Disney.
Si, comme Hercule en a malheureusement donné le signal, les graphismes manquent terriblement de profondeur et souvent d'harmonie (moins que chez Musker et Clements), ils se trouvent ici merveilleusement compensés par des décors grandioses et une technique comme toujours au sommet. Plus que jamais, le mariage entre l’animation traditionnelle et la synthèse prouve ici son efficacité, nous offrant des scènes parmi les plus grandioses de toute l’histoire du studio, telle cette cultissime attaque des Huns dans la montagne.
Il faut dire que les scénaristes ne se sont pas limités pour nous offrir un récit épique, transcendé par la musique mémorable de Jerry Goldsmith. Bannissant tout temps mort du récit, ils parviennent à rendre limpide et toujours cohérent l’enchaînement des péripéties, justifiant ainsi tous les actes des personnages. Ces derniers se montrent la plupart attachants par la qualité de leur écriture, celle-ci réussissant le prodige de ne jamais profiter du sujet du film pour basculer dans un féminisme de mauvais aloi, pas plus, étonnamment, qu’il ne joue sur le travestissement de Mulan pour imaginer une relation amoureuse complexe entre la jeune fille et Shan (mais c'est peut-être mieux comme ça, n’est pas Billy Wilder qui veut).
Témoignant d’un sens aigu de l’épique, Mulan nous offre également des personnages secondaires très intéressants, renouant avec la recette du méchant terrifiant dans la lignée des grands Disney, mais aussi l’équilibre qui manquait à Hercule entre un récit sérieux et un sidekick à la légèreté rafraîchissant, ici plutôt bien incarné par le sympathique Mushu. C’est d’ailleurs tout l’humour du film qui, à l’image d’Aladdin ou du Roi Lion, parvient à faire mouche en restant à sa place, de même que les chansons de Matthew Wilder et David Zippel qui alternent entre le bon et l’oubliable, mais n’envahissent jamais le récit.
Peu avare en scène d’action et en humour, Mulan se montre donc, malgré quelques faiblesses graphiques et un trop grand manque d’émotion, un spectacle généreux, dont l’ampleur fait oublier toute réticence pour pousser son spectateur à s’y immerger au maximum.