Maraude policière, périple socioanthropologique, rite initiatique, Crown Vic affiche plus d'un trip sur son insigne de film.
Une odyssée urbaine condensée sur une seule nuit qui tient nos sens constamment en haleine, tout en distillant parfaitement débats déontologiques, actions-réactions brutales (la sortie de braquage en caméra subjective), rencontres insolites et prises de consciences réciproques. Des tranches de vie qui forgent le caractère et révèlent la vraie nature de la jungle humaine, la nuit y étant sérum de vérité.
Mené par un Thomas Jane impérial de sobriété en mentor trouble, ce 3eme film de Joel Souza (pourtant jusqu'ici habitué aux DTV sirupeux de Noël (wtf?)) réussit un roadtrip policier sans concessions sans être nihiliste mais aussi une peinture sociale borderline entre Sydney Lumet, Gilroy (père & fils) et Ellroy. La recrue jouée avec sensibilité et subtilité par Luke Kleintank (qui n'est pas sans rappeler le Jonathan "Mindhunter" Groff), la performance à contre-emploi de la belle Bridget Moynahan en mère junkie, le scénar en béton (y compris la révélation salvatrice) et l'efficacité tamisée de la réalisation ne sont pas étrangers à cette réussite.
Une chouette découverte qui tient son sujet une coudée au-dessus des plus ambitieux Black & blue ou Manhattan Lockdown avec seulement 3 M$ de budget. Bien vu Alec Baldwin (ici producteur).