1976.
Un Harry commençant en mode mineur (1er tiers pépère avec un cahier des charges trop respecté après une belle intro digne d'un slasher) et se terminant en mode majeur avec une fin d'une mélancolie sublime à l'ironie tragique.
Calahan évolue avec son temps sans perdre en intégrité et pragmatisme face à une haute administration toujours à contre-sens. La lucidité sur l'échec social d'une Amérique à la dérive, Harry la partage non avec ses piètres représentants mais avec un activiste pacifiste tout aussi incompris que lui ("Pourquoi risquer votre vie pour une si mauvaise société ?") ou avec des morts en sursis... ou non ("C’est une guerre n’est-ce pas ? Je n’avais pas compris…" lui souffle une veuve au chevet de son coéquipier). Les thématiques raciales et féministes sont (déjà) abordées frontalement mais avec un recul nuancé et dépassionné qui manque cruellement aujourd'hui.
Coté badass, si les scènes d'action punitive sont efficaces, elles n'ont pas la maestria malaisante et fiévreuse de Ted Magnum Force Post ou l’âpreté magistrale de Dirty Siegel. Les ennemis publics N°1, trop nombreux et pas assez développés ou charismatiques (n'est pas David Soul ou Scorpio qui veut), n'aident pas l'affaire.
Cela dit, le jeu inspiré de l'attachante Tyne Daly (la Lacey de Gagney) servi par un rôle à rebours des poncifs policiers de l'époque cassent la routine et le final aussi mémorable qu'implacable remonte l'opus dans le top 3 de la saga.
Mentions spéciales aux 7 suppositoires et au score jazzy de Fielding à son meilleur.