Pour une fois, je ne vais pas attendre le déluge pour critiquer une oeuvre récente, car j'ai des choses à dire, c'est frais, ça gigote, profitons-en. Par-contre, je vais spoiler, un peu.
J'avais bien aimé le premier Nos pires voisins. J'y étais allé d'un pas confiant, appréciant beaucoup les réalisations de Nicolas Stoller, l'un des hommes à suivre de la comédie américaine, et ne boudant pas mon plaisir devant Seth Rogen.
Le premier était sympathique, mais bébête. Rien de moins qu'une confrontation entre deux mondes, celui d'une jeunesse qui veut s'amuser, celui d'une tranche d'âge qui veut se poser. La fin m'a extrèmement déçu, accordant la victoire aux trentenaires futurs parents. Et je me disais, tristement, que la comédie américaine, à l'image de Seth Rogen, avait vieilli, pour devenir moralisatrice.
Gentillet, mais limité. Ce que n'est pas le deuxième. Dans cette suite, on y incorpore de la nuance, des émotions. Au point que Télérama a apprécié, c'est vous dire. L'équipe de scénaristes a été profondément remaniée, et tant mieux. Bien sur, cela ne va pas dans la comédie intellectuelle, différentes potacheries nous le rappellent.
Mais, tout de même, de nouveaux sujets sont abordés, et suffisamment creusés, en tout cas pour une telle production. Certains des clichés des teen-movies sont tordus pour en montrer toute la simplicité. Le personnage de Zac Efron, belle gueule flamboyante, leader de la fraternité voisine du premier épisode, est perdu, car il ne sait pas quoi faire, il sait faire la fête, et c'est tout. Mais, surtout, les nouveaux voisins, les "adversaires", sont une sororité, d'innocentes, ou presque, jeunes femmes, qui veulent monter leur propre organisation, pour ne pas devoir intégrer ou subir le sexisme des autres regroupements étudiants. Paf, c'est dit, le film est féministe, et pas de ceux qui en font de trop.
Oui, on peut donc réaliser une comédie américaine, potache, mais pas dénuée de contenu. Qui peut faire tourner des scènes autour de vomis ou d'herbe, et puis en dire beaucoup plus sur les comédies et notamment les teen-movie. Le film se prend parfois les pieds avec cet audacieux mélange, et il a parfois du mal à être drôle. Mais il y a quelquechose, une petite étincelle, qui le distingue.
Et aux prochains dîners mondains entre cinéphiles, vous pourrez, avec panache, utiliser l'exemple de ce film pour démontrer que, oui, une suite peut surpasser l'originale.