Même s’il a peu marqué les esprits sur le papier, il faut bien avouer que Tron : l’Héritage reste une preuve suffisante pour savoir si son réalisateur, Joseph Kosinski, pouvait réussir à se faire un nom avec de nouveaux projets. Surtout que, grâce à Tron, il peut aujourd’hui nous livrer une adaptation sur grand écran de son propre roman graphique : Oblivion (qui n’a rien à voir avec le jeu vidéo !!). Et, franchement, qui peut ignorer la sortie d’un des nombreux films de science-fiction de cette année, avec en prime Tom Cruise qui renait de ses cendres et par les producteurs de La Planète des Singes : les Origines (en faire trop pour montrer l’inutilité de ce détail !) ? Constat !
En 2077, après des décennies de guerre contre la terrible menace des Chacals, les humains ont quitté la Terre. Jack Harper (Tom Cruise) vit dans une station au dessus des nuages et a pour mission de réparer et d'entretenir les drones présents à la surface de la Terre afin qu'ils extraient des ressources vitales aux humains expatriés. Un jour, témoin d'un crash, il voit sa vie bouleversée…
Scénaristiquement, il faut reconnaître une chose à Oblivion : son histoire ! En effet, Joseph Kosinski voulait nous raconter une aventure faite de faux semblants pour livrer un divertissement qui fasse réfléchir les spectateurs autant qu’ils s’amusent. Comme un certain Inception ! Seulement voilà, n’est pas Nolan qui veut… Car si l’histoire d’Oblivion pouvait être sympathique à suivre, elle est malheureusement narrée de la plus mauvaise des façons ! Pour preuve, Kosinski se retrouve avec le syndrome de Tron, à savoir présenter des personnages fades tout en essayant de leur ajouter une émotion qui prend jamais. Une émotion et une réflexion vaines qui prennent de la place durant le film, au point qu’Oblivion se retrouve être réduit question séquences d’actions (3 !!!), peu mémorables ceci dit en passant. Non, Kosinski préfère insister sur des détails ou des scènes dont on se fiche royalement (la baignade au clair de lune qui pourrait durer 15 secondes au lieu de 3 minutes) ou bien des flashes-back à la pelle (alors qu’il n’y avait pas besoin de les répéter pendant tout le film). N’échappant pas à la niaiserie totale et aux moments forts prévisibles. Sans compter que, pour une histoire sympathique, Kosinski s’est pris la tête à nous donner des twists (révélations) en rafale, sans intérêt, qui soit perdent le spectateur avec toutes ces informations à assimiler, soit l’oblige à réfléchir pour rien à ne pas suivre le film pendant un moment (vu qu’il ne s’y passe pas grand-chose). C’est beau d’avoir une histoire, même si celle-ci se réfère à de nombreux titres du genre (La Planète des Singes, Mad Max, Independence Day, Total Recall…). Encore faut-il savoir la raconter !
Et question acteurs, ce n’est pas une bonne pioche non plus ! Je ne dirai pas grand chose sur Morgan Freeman, qui est un grand acteur, mais qui se retrouve ici en mode « personnage secondaire présent pour le décor » qui sert foutrement à rien, à part à livrer quelques révélations qui font mal à la tête. Freeman, que fais-tu là ?? Pour ce qui est de Tom Cruise, l’acteur prouve que jouer les rôles sérieux n’a jamais été son fort. Surtout après avoir été méchant (Entretien avec un Vampire, Collatéral), adepte du second degré (Jack Reacher) et véritable guignol (Magnolia, Tonnerre sous les Tropiques, Rock Forever) ! Quant à ses deux compagnes du moment (Olga Kurylenko et Andrea Riseborough), ce sont le surjeu et le manque d’âme qui nous sont montrés de leur part. Comme si nous Oblivion nous offrait des clones d’Olivia Wilde tout droit sortie de Tron : l’Héritage ! Que les personnages ne soient pas travaillés est une chose. Qu’ils soient interprétés sans motivation en est une autre !
Un projet d’envergure bon à jeter aux oubliettes. Et c’est bien dommage quand on voit ce qu’Oblivion donne visuellement. Pour la seconde fois, Joseph Kosinski prouve qu’il sait mettre à l’image un univers numérisé de très grande qualité, avec décors naturels somptueux (à croire que Prometheus a lancé la mode des tournages en Islande) et des effets spéciaux grandement réussis. Sans oublier les bruitages et l’ambiance du film, tantôt blockbuster, tantôt intimiste (grâce à la musique d’Anthony Gonzalez, qui donne à Oblivion des thèmes musicaux entre Tron et Inception par moment). Et puis, lors des (rares) séquences d’action, Kosinski prouve qu’il n’est pas un manche pour manier une caméra, notamment lors des envolées du personnage de Jack Harper ou bien de l’attaque générale des drones dans la base souterraine.
Oblivion est un nouveau Tron : l’Héritage ! À savoir un blockbuster à l’énorme publicité qui a tant misé sur le côté visuel que le scénario en a été oublié. Et si on ne comptait pas sur l’histoire de Tron, celle de ce film promettait ! C’est pour cela que la déception est encore plus grande envers Oblivion, divertissement annoncé d’envergure qui se retrouve finalement mou du genou, mal travaillé question scénario et aussi fade que Les Sims. Kosinski, fait un autre film, ça ne me dérange pas du tout ! Pour ce qui est de créer visuellement un univers, tu es très fort dans cet exercice. Mais la prochaine fois, travaille le scénario !!