(Cinéclub familial avec Mag)
- Alors ?
- Bien.
- Développe.
- Tu me soules. C’était très bien, Clint Eastwood était beau gosse. Rien à dire, c ‘est un western très classique.
- Mag... Tu n’as rien compris.
- Mais si ! Les gros plans sur les yeux, les duels et la musique grinçante, les sales gueules... Je les ai vus cent fois. C’est toi même qui m’a appris à les identifier, dans les films, les BD, les séries... jusque dans les pubs.
- Je vois.
- Que vois-tu ?
- Tu n’as donc pas vu La prisonnière du désert et La chevauchée fantastique ? La rivière rouge et Rio Bravo ?
- Peut-être. Je ne m’en souviens pas.
- John Wayne, Gary Cooper, James Stewart ?
- N’est-ce pas très vieux ? Avant Sergio Leone ?
- Si.
- En noir et blanc ?
- Souvent.
- Pff... Où veux-tu en venir ?
- Le western classique, l’âge d’or, c’était eux : John Ford et Howard Hawks !
- Le ciné de ton grand-père !
- Le nôtre aussi. Le monde était plus simple. John Wayne était le héros, droit, juste, loyal, courageux. Gary Cooper était seul face aux bandits
- Clint aussi était seul
- Tu ne vas pas comparer l’Homme sans nom au sheriff Will Kane.
- Pourquoi ?
- Gary Cooper est propre et rasé. Il possède une maison, un boulot et vient d’épouser Grace Kelly. Ce n’est pas rien. Il croit en la justice et combat pour le droit.
- Des mots !
- Non. La justice ! Tu m’entends !
- Et ton ami Clint ? Lui aussi lutte pour la justice.
- Quand ça l’arrange... c’est un chasseur de primes amoral, sarcastique et chanceux. Il tue pour vivre.
- Il sauve la mère.
- Ce geste gratuit ne lui est pas habituel, il est contraint de s’autojustifier. Elle lui rappellerait une autre femme...
- Ne crois-tu pas que tous les hommes combattent pour de l’argent, du pouvoir ou les beaux yeux d’une brune ?
- Non. Je ne le crois pas.
- Papa, tu n’es qu’un idéaliste. Ton John Wayne est mort. D’ailleurs, je suis certaine que sous ses aspects « propre sur lui », il fraudait le fisc et battait sa femme.
- Non. Je ne veux pas le croire...
- Admettons. Revenons à ton film, as-tu aimé ?
- Je le connais par cœur. C’est le premier western spaghetti, le prototype imparfait mais fascinant d’un nouvel âge, l’âge du cynisme.
- Imparfait ?
- Oui. Clint manque d’adversaires.
- Qu’est-ce qu’il te faut ! Il affronte toute la ville !
- Certes, mais les Baster sont inconsistants et les Rojo trop nombreux. Nous découvrirons Lee Van Clef la semaine prochaine, dans la suite.
- La saison 2.
- Si tu veux.

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le 3 nov. 2018

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Step de Boisse

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