Yé m’appelle Inigo Montoya : tou a toué mon père. Prépare-toi à sourire.
1987 : c’était avant.
Les films pour enfant, c’était le Disney annuel, à l’époque peu inspiré, et l’empire Spielberg et Lucas en pleine expansion.
Quand Princess Bride déboule, il devance et annonce ce qui est devenu une tarte à la crème depuis, surexploité par Shrek et consorts : la transgression narrative et l’ironie. Alors qu’on ne conçoit plus vraiment aujourd’hui de film pour la jeunesse dénué de second degré, à la fois pour draguer les parents et parce qu’on considère que l’innocence, c’est so XXth century.
Le conte sera donc agrémenté d’interruptions par le lecteur et l’enfant à qui on le destine. L’efficacité fut totale sur mon fils ainé, qui tomba dans le panneau de l’exposition se faisant parodie de roman à l’eau de rose : alors qu’il commençait à se plaindre des baisers insistant en ombre chinoise sur coucher de soleil, sa mâchoire se décrocha quand le gamin tint à peu près le même langage que lui à l’écran pour interrompre le charme…
Comique et enlevé, Princess Bride déploie ensuite son charme dans la finesse de son humour et ses combats bondissants qui font lorgner son bellâtre d’acteur du côté d’Errol Flynn, la hanche avisée, l’œil pétillant et le sourire ravageur.
On saluera particulièrement les efforts dans l’écriture des dialogues, qui ne se fourvoient pas dans cette idée si communément admise qu’il faut parler leur langue pour leur parler. Parodiant la langue des contes, jouant du comique de répétition (« Inconcevable ! » ou toute la tirade d’Inigo Montoya pour acter sa vengeance), elle se permet aussi de brusques ruptures particulièrement vulgaires (fils de pute, etc. Je serais curieux de voir si la V.O va aussi loin, d’ailleurs).
Le film a certes un peu vieilli dans sa gestion du rythme, notamment dans sa longueur des plans silencieux dans certains dialogues, vraiment étrange… J’imagine qu’il existe des études qui montrent la moyenne de durée des plans dans l’histoire du cinéma, elle doit être édifiante. Truffé de petites saillies destinées à devenir cultes (les Rongeurs de Taille Inhabituelle, les combattants à la main gauche et au verbe haut, les verres empoisonnés, le concept du Grand Pirate Roberts…), Princess Bride est souvent un régal et semble être à même de toucher un public pourtant aguerri à ce type d’humour, dispensé ici avec autrement plus de panache.