Réalisé par le brillant Nicolas Winding Refn, ce premier long-métrage fait preuve d'une mise en abîme détonante dans l'univers du trafic de drogue danois avec ses pseudos-gangsters, ses magouilles multiples et ses problèmes à foison. Ainsi, Pusher installe clairement dans l'ombre les bases du film de gangsters new generation peuplés de losers aux yeux plus gros que le ventre où leurs petites magouilles deviennent vite de gros problèmes. C'est donc le cas de Frank, dealer imposant face à des junkies en manque mais qui fait profil bas devant les grands pontes du milieu, qui va se retrouver dans une merde noire après un deal qui a mal tourné.
Forcé de rembourser une énorme somme d'argent, ce gangster de pacotille va tout faire pour trouver l'argent nécessaire à son salut, obligé de vadrouiller à travers la ville pour récupérer des dettes impayées, découvrant au fur et à mesure qu'il ne faut faire confiance à personne et que les amis se font rare quand la mouise devient trop importante. Filmant au préalable la petite vie de Frank, ses relations avec son meilleur ami Tonny, son amie entraîneuse Vic ou encore son employeur de l'occasion Milo, caïd serbe aussi patient qu'impitoyable quand les dettes ne sont pas respectées.
Nous suivons donc une introduction jouissive, à la limite de la comédie, où de simples personnages tente de subsister dans un pseudo-luxe, déblatérant des discussions aux dialogues aussi crus qu'inutiles, profitant des petites choses tout en rêvant à d'autres plus grandes. Une fois l'intrigue clairement lancée, la tension monte progressivement jusqu'à un final malsain dans la pure tradition des films noirs américains comme on en voyait dans les années 70 : sombre, glauque, violent, désespéré. Ainsi, en dépeignant avec un réalisme poignant les problèmes d'un petit loser qui veut jouer les durs, Pusher s'avère être non pas une baffe cinématographique mais bel et bien un petit plaisir de l'Est à savourer sans modération.