J'ai vu cette fable désopilante et cocasse, après avoir apprécié L'effet aquatique, de la même réalisatrice, sorti en salles tout récemment (juillet 2016).
J'avais envie de retrouver ces personnages un brin mystérieux, à cheval entre la banlieue parisienne et l'Islande.
Ce beau pays est le pays d'origine de Solveig Anpach, qui a un père américain et une mère islandaise et qui résidait en France avant son décès cette année de son cancer, qu’elle a longtemps combattu avec grand courage, ne cessant de réaliser jusqu'à sa mort.
Le personnage d'Agathe, jeune veuve, m’avait intrigué et beaucoup intéressé dans L'effet aquatique, et là je le découvre avec un effet rétroactif dans le temps, alors qu'elle vient de perdre son mari et qu’elle trimbale son urne funéraire, ne sachant trouver une place de choix au défunt.
On y retrouve aussi Anna, qui revient de Jamaïque et transite par Montreuil avant de rejoindre son Islande natale, avec son grand fils.
C'est par simple solidarité qu'Agathe accueille ce duo improbable mère fils, dans sa petite maisonnette de Montreuil.
Il y a aussi Samir, qui du haut de sa grue observe les environs et le ciel. Une belle rencontre se fera tout en haut, avec Anna.
Je connais bien Montreuil car je réside dans un commune proche ,et j'ai bien retrouvé l'atmosphère de cette ville, bigarrée, cosmopolite et un poil décousue, faite de brics et de brocs où les petites maison côtoient les grandes cités et les friches intermédiaires, parfois réhabilitées.
Peu importe que les personnages soient bobos ou non. Je pense que Solveig Anspach a inventé une histoire proche de ce qu'elle vivait elle-même, dans ce genre de quartiers.
Contrairement à ce qu'en pensent certains de mes éclaireurs, je n'y ai vu aucune tentative de démontrer à tout prix que le vivre ensemble est possible car je ne pense pas que ce fut le but de la réalisatrice.
Certes, comme dans tous les films de Solveig Anspach, il y a des formes de solidarité (que ça fait du bien de voir ça ! ), mais tout n'est pas toujours rose et cela donne lieu à des scènes tour à tour cocasses ou émouvantes (le deuil difficile d'Agathe est quand même le thème central du film).
Les personnages sont au final un peu cabossés, décousus, comme le milieu urbain qui les abrite.
Je les trouve assez fouillés d'autant que Solveig Anpach a fait trois films, qui sont trois variations autour de ces mêmes personnages. Donc on les retrouve à chaque fois, sous de nouveaux aspects.
Pour ma part, j'ai trouvé cette démarche très intéressante et relativement novatrice.
Le coté cocasse vient des rencontres improbables ou inattendues, comme celle entre Agathe et l'otarie Fifi, abandonné de tous et dépressive. Ces confrontations peuvent donner des scènes très poétique, comme celle dans laquelle Samir et Anna miment des scènes de films célèbres, chacun en haut d'une grue. Cela donne du charme au film et rend les personnages irrésistiblement attachants.
En somme, comme vous l'aurez compris, je vais vraiment regretter le disparition de cette formidable réalisatrice, et je vais m'empresser de visionner le troisième volet de cette trilogie peu banale, plein de charme et de poésie : Back Soon (qui est en fait, le premier qu'elle a réalisé).