Si le premier [Rec] avait su marquer son monde, le second n'était qu'une banale série b d'action/épouvante/horreur comme on en a déjà vu des dizaines. Ni trop marquant ni trop désoeuvrant, il constituait un divertissement de qualité. Ca ne révolutionnait rien, mais le travail était fait sans encombre ni déboires : tout pour faire un film honnête. Seulement, une autre suite a été annoncée...
[Rec] 3 Genesis constitue le foirage complet que la saga n'avait pas encore connu, l'hécatombe totale que tout être normal renierait. Délaissé par Jaume Balaguero, le plus talentueux du duo, ce troisième film se vautre lamentablement sur l'hospice des films ratés, tombant dans une sorte de grotesque simplement rocambolesque. C'est ridicule, caricatural, niais, une pauvre petite satire des deux premiers. Où est l'intérêt? Dans sa fin bien menée, choc et sacrément couillue, une conclusion qui donne quelques lettres de noblesse à un résultat largement en deçà de ce que l'on avait vu avec les deux autres [Rec].
Complètement planté par son écriture à la ramasse (on aura rarement vu, dans le genre, de personnages aussi antipathiques), Genesis ne sait jamais s'il doit incarner la genèse de [Rec] ou s'il doit montrer des évènements se passant en même temps que l'épidémie dans le bâtiment. Ainsi, le résultat sera fichtrement casse-gueule, tant par son intrigue que ses personnages, et même ses dialogues. Des répliques atrocement stéréotypées et mal écrites, en plus de toujours tomber, ici aussi, dans un excès gerbant; les commentaires du héros vous frapperont par leur bêtise abrutissante, puérils et simplement inutiles.
Visuellement, c'est tout aussi désagréable. Si le found-footage ne sera pas trop dégueulasse quand le film commence (avec un petit côté Death Sentence), c'est lorsque les choses s'emballent qu'on comprendra le manque de talent flagrant de son metteur en scène, Paco Plaza, sorte de tâcheron dont l'art ne possède aucune âme. Rapidement illisible, le résultat semble complètement épileptique : on n'y comprend rien, détruisant complètement l'immersion amenée par la caméra à l'épaule.
Ensuite, il y a, dans ce film, le signe de l'épuisement du found footage : le titre du film tombant au bout de vingt minutes (dur à croire, je sais), une surprise de taille vous y attendra. Seulement, si la saga se débrouillait bien dans son registre, elle tombe ici dans une esthétique dtv dégueulasse, en mode film de zombies made in Asylum. C'est moche, douteux, le filtre d'image traduit un manque de goût, de talent ou de moyens évident, en plus d'un jeu d'acteurs sacrément insupportable (leur surjeu tape sur les nerfs).
N'y recherchez aucun travail sur l'image : [Rec] 3 est un film aseptisé comme pas deux, sans rythme ni intensité, qui abandonne le found-footage pour une caméra posée classique et sans personnalité. Le déroulé de son scénario, linéaire au possible, épousera parfaitement la mise en scène plate et sans envergure de Plaza, qui se plante salement sur la gestion du suspens, aux abonnés absente. Et si le film ne mérite pas qu'on le fracasse complètement, c'est qu'il devient intéressant au bout de 50 minutes; ça fait long, mais le résultat vaut plutôt le coup. A noter aussi un important manque d'explications de la cause de l'épidémie (pourtant le principe annoncé de cette genèse), et des réactions idiotes venant des personnages. Une pauvre suite à peine meilleure qu'un Paranormal Activity, dont le niveau global n'arrive pas même à la cheville du second épisode. C'est dire si c'est mauvais...