En 1977, Steven Spielberg, bien qu’encore jeune réalisateur, n’est plus un débutant. Révélé avec Duel en 1971, le réalisateur dispose désormais d’une aura internationale grâce au succès retentissant des Dents de la Mer, sorti en 1975 et considéré comme étant le premier blockbuster. Mais, avec Rencontres du Troisième Type, Spielberg va encore franchir un cap, en s’aventurant dans la science-fiction, un de ses genres de prédilection.
Existe-t-il une autre forme de vie que la nôtre dans l’univers ? Bien que la réponse semble vraisemblablement positive étant donné son immensité, les extra-terrestres et leurs manifestations sont source de fantasmes depuis la nuit des temps. Ufologie, clichés étranges, théories sur des civilisations passées, l’humain n’a de cesse de se questionner et de se passionner pour tous ces éléments qui, pour le moment, demeurent sans explication. C’est dans ce contexte que Steven Spielberg va mettre en scène Rencontres du Troisième Type et développer son intrigue, cultivant le mystère et le dévoilant peu à peu. Ici, deux points de vue se croisent et sont exposés. D’un côté, celui de Roy Neary (Richard Dreyfuss), père de famille qui va être confronté par hasard à des phénomènes étranges, et de l’autre, le Professeur Claude Lacombe (François Truffaut), qui enquête sur des événements étranges, tels que la réapparition subite d’avions et de bateaux de guerre dans différents déserts du globe.
Ainsi, nous sommes immergés dans la découverte et la curiosité d’en découvrir davantage, tout en suivant les démarches et raisonnements scientifiques utilisés pour décrypter les mystères et leur origine. Pour ce faire, Spielberg fait progressivement monter la tension et fait preuve d’une belle maîtrise dans le rythme du film. En alternant les séquences sur le professeur et sur Roy, le suspense progresse et le film abat peu à peu ses cartes pour à la fois nous impressionner et nous fasciner. Le film n’a pas pour but de rester dans un mystère absolu, puisqu’il doit aboutir à une révélation finale, mais son ambiance toute particulière déjà très typique du cinéma de Spielberg, et de l’époque, le rend d’autant plus agréable à regarder.
Rencontres du Troisième Type est un modèle dans le sous-genre des films sur les extra-terrestres, tant au niveau de sa démarche, que son imagerie, et aussi son style qui préfigure le futur E.T. (1982). Grâce à des effets spéciaux très avancés, le film n’a d’ailleurs pas tant vieilli que l’on pourrait imaginer. Les deux personnages incarnent parfaitement la position de l’humanité vis-à-vis de ces mystères, avec d’un côté l’amateur se retrouvant soudainement missionné et happé par ces découvertes, au point d’en délaisser sa famille, et de l’autre le scientifique, animé par une curiosité à la fois humaine et professionnelle, qui cherche à éclairer l’humanité de ses découvertes. Avec Rencontres du Troisième Type, Steven Spielberg confirme et impose déjà son style comme étant une référence du cinéma, avec un film que l’on peut considérer comme étant un classique du genre, tant les canons qu’il utilise ont été repris de nombreuses fois par la suite.