Pendant que George Lucas s'apprête à marquer à jamais un certain nombre de spectateurs avec son inattendu Star Wars, son ami Steven Spielberg profite du carton surprise de Jaws pour s'attaquer à un sujet qui le passionne, l'ufologie, à travers Rencontres du troisième type. Les deux amis s'amuseront d'ailleurs à parier sur le résultat au box-office des deux films, chacun offrant à l'autre une petite partie des bénéfices en cas de succès. Inutile de préciser que Spielberg en ressortira sacrément gagnant.
Oeuvre aussi imposante qu'intimiste, aussi universelle que personnelle, Rencontres du troisième type reste pour moi la quintessence du cinéma de Steven Spielberg, le parfait exemple de ce qui me fascine chez le bonhomme. Se réappropriant un scénario de Paul Schrader, le cinéaste donne corps à ses obsessions, à sa vision du monde, accouchant d'un long-métrage beau comme un rêve sous les étoiles, volontairement naïf et optimiste, comme en réponse à une décennie marquée par un interminable conflit et par des scandales politiques.
En pleine possession de ses moyens, Steven Spielberg prend son temps (trop pour certains), afin de nous plonger dans une ambiance à nulle autre pareille, quelque part entre le rêve éveillé et le cauchemar paranoïaque. Par petites touches, le papa de E.T. fait surgir le mystère et l'inexplicable dans le quotidien le plus banal, mélange adroitement gentils frissons et émerveillement par la grâce d'une mise en scène exemplaire qui laisse encore songeur.
Trouvant en l'excellent Richard Dreyfuss un alter-ego attachant bien que maladroit, à la fois rêveur et égoïste (Spielberg regrettera plus tard certaines de ses décisions), et plantant sa caméra aux quatre coins du globe, le cinéaste fait de son film une oeuvre incroyablement humaine et rassembleuse, tentant de renouer le dialogue avec les peuples du monde.
Malgré ses défauts évidents (quelques longueurs et des carences dans l'écriture des personnages), Rencontres du troisième type représente pour moi la magie à l'état pur, un chef-d'oeuvre du genre que je peux voir et revoir sans me lasser, avec toujours les mêmes étoiles dans les yeux. Une fable belle, touchante et optimiste, portée par la superbe photographie de Vilmos Zsigmond, par la subtile utilisation de la partition de John Williams et par les effets optiques toujours probants de Douglas Trumbull.
Fort de son succès aussi bien critique que public, Rencontres du troisième type ressortira plusieurs fois en 1980 et en 1997, dans des montages sensiblement différents, Steven Spielberg retirant certaines séquences pour en ajouter d'autres, et peaufinant au passage certains effets spéciaux. J'ai personnellement une petite préférence pour la director's cut de 1997, plus complète.