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Il est des plaisirs régressifs pour lesquels je donnerais mille films moyens et parmi ses plaisirs là il en est un qui me met toujours dans une joie magnifique c'est celui de découvrir un bon nanar tellement faisandé qu'il finît par toucher au sublime. Il existe un niveau à la limite de la quatrième dimension de la cinéphilie au delà duquel le mauvais devient miraculeusement bon et le ridicule touche au sublime et c'est le cas de Réveillon sanglant de Norman J Warren, véritable ovni cinématographique sorti en 1987 qui tutoie le n'importe quoi avec une poésie du ridicule qui force le respect.


**Réveillon sanglan**t raconte l'histoire de six jeunes branleurs parfaitement répartis en couples qui lors de leurs vacances d'été vont s'échouer comme des glands sur une île perdue. Ils vont alors découvrir un immense hôtel semblant abandonné et perdu dans le temps puisqu'il est décoré de guirlandes afin de fêter le nouvel an de 1960. D'étranges phénomènes ne tardent pas à se manifester entre des objets qui bougent tout seuls et des apparitions assez inexplicables. Pour les six jeunes gens coincés dans cet endroit hors du temps il n'est maintenant plus question que de survivre.


Réveillon sanglant également connu sous de nombreux autres titres tels que Les mutants de la saint Sylvestre, Bloody new Year ou encore Time warp terror est donc le dernier film en date de Norman J Warren par ailleurs réalisateur de Inseminoid ou Le zombie venu d'ailleurs. Avec ce dernier film, il est incontestable de Norman J Warren signe son film le plus foutraque et le plus étrange du moins pour ce que je connais de sa filmographie. Car Réveillon sanglant flirte entre l'onirisme, le fantastique, l'horreur, la science fiction mais surtout le portnawak le plus complet. Le réalisateur étale même sur l'écran des influences souvent bien mal digérées entre Shining pour certaines apparitions dans l'hôtel**, Les griffes de la nuit** pour les mains semblant sortir des murs élastiques et les éléments du décor qui deviennent subitement mous ou encore Evil dead pour les buissons et les arbres ricanant avec des effets de caméras pompant directement les plans de Sam Raimi comme lorsque la caméra de Norman J Warren semble courir à travers les herbes.


Réveillon sanglant est un film qui enchaîne les morceaux de bravoures avec un aplomb extraordinaire qui fait que même lorsque l'on se croit au beau milieu d'une parodie on garde la certitude absolu que Norman J Warren croit dans la pertinence de ce qu'il nous donne à voir. Et pourtant le film comporte des moments presque surréaliste tellement ils sont mauvais et surtout totalement gratuit, car il est inutile de chercher un semblant de cohérence dans les événements qui se déroulent à l'écran tant on a le sentiment que Norman J Warren prend comme parti pris de dire que dans cet univers hors du temps tout peut arriver. Du coup on voit des nappes se transformer en monstre gluant couvert d'algues, des tempêtes de neige lorsque l'on ouvre une porte, une cuisine qui devient folle en balançant assiette et couteaux à travers le pièces, des attaques de filet de pêche, des personnages qui deviennent des zombies sans la moindre explication, des buissons qui rigolent,des personnages qui sortent d'un écran de cinéma avant de s'envoler pour regagner le projecteur, des attaques de flipper, un escalier qui prend vie, des loubards à chaînes de vélo, un faisan empaillé, une terrifiante attaque d'aspirateur, des esprits qui sortent des plafonds, un billard qui roule... Et je dois surement encore en oublier beaucoup.


Cerise sur le gâteau Réveillon sanglant se paye un casting formidable de nases inexpressifs la palme revenant à Nikki Brooks absolument hilarante dans les scènes d'hystérie lorsqu'elle part en courant et en hurlant en agitant ses bras dans tous les sens. Les effets spéciaux sont eux aussi souvent totalement foireux comme cette tête qui explose comme un pot de terre cuite rempli de sable rouge et le maquillages des possédés ressemble à celui de choristes d'un groupe de rock des eighties avec cheveux en pétard et tronche recouverte de fond de teint couleur argent. Difficile de sauver quoi que ce soit de ce naufrage technique aux effets gores de démembrements dignes d'une série Z d'amateurs fauchés.


Heureusement ce Réveillon sanglant comporte des moments magnifiques comme cette jeune femme possédée à qui l'on jette un filet de pêche pour se défendre et qui se débat avec comme Franck Drebin se battant avec une serviette dans un épisode de The naked gun. Cette même jeune fille possédée ,qui a décidément la vie dure, prendra un peu plus tard dans le film une balle en plein ventre ce qui fera exploser son abdomen dans des bruits digne d'un estomac un soir de cassoulet arrosé à la bière. Mais cela n'empêchera pas pour autant cet esprit de continuer à avancer en riant avant de prendre une seconde balle et de s'effondrer cette fois ci comme une merde dans un cri de douleur abominable (??). Du coup le jeune homme fier de son tir enfin victorieux viendra amputer le bras de la jeune femme à coup de crosse de fusil (???). Autre moment magnifique lorsque deux des jeunes gens cherchent à remettre le courant électrique dans l'hôtel, ils se retrouvent alors dans un cave dans laquelle on y voit parfaitement clair mais allume tout de même une bougie pour y voir mieux, une action qui ne fera absolument aucune différence à l'écran mais qui permettra à ses blaireaux comme par magie de trouver les fusibles. Sans oublier quelques jump scares foireux à l'image du personnage qui fait tomber deux plats métalliques puis qui semble demander pardon aux spectateurs en regardant la caméra et le personnage qui vient nous expliquer le fin mot d'une histoire sans queue ni tête dont on avait pigé depuis longtemps le prétexte.


Réveillon sanglant est un film tellement fou qu'il en devient souvent attachant, tellement mauvais qu'il en devient hilarant, tellement hors normes qu'il en devient précieux. Improbable mélange de genres entre science fiction, slasher, survival, fantastique et film de fantômes ce Réveillon sanglant ressemble à un enfant hybride et bâtard entre Lynch, Mattei, Rollin, Kubrick, Raimi et Ed Wood. En tout cas le film est devenu illico un petit joyau de ma DVDthéque que je retourne ranger précieusement pas loin de Ré-animator et Requiem for a dream ( Oui mes films sont vaguement rangés par ordre alphabétique )


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freddyK
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le 24 nov. 2019

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Freddy K

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