Robin Longstride revient au pays après la mort de Richard Coeur de Lion en France, et par un coup du sort assume l’identité de Robert de Locksley dans une Angleterre affaiblie et sous la menace d’une invasion française.
En changeant l’identité du héros et en modifiant le contexte —l’action se déroule plus tard et est beaucoup plus portée sur les intrigues géopolitiques—, Ridley Scott nous propose ici une réimagination presque totale et totalement osée du mythe de Robin des bois. Le thème central du film est “l’habit ne fait pas le moine”, bien évidemment déjà présent dans la légende mais ici poussé à son paroxysme : beaucoup de personnages se font passer à un moment ou à un autre pour ce qu’ils ne sont pas. Et au delà de ça, on nous vend un film comme racontant l’histoire de Robin des bois, pour voir quelque chose de complètement différent, qui s’avère sur la fin être la genèse de cette légende. Sur le principe, je trouve ça très intéressant. Malheureusement, indépendamment de l’histoire d’origine, ce film comporte des défauts très importants.
Le premier est le scénario, dont les ressorts dramatiques sont faibles et souvent capilotractés. Trop souvent l’intrigue avance à coup de coincidences ou de coups du sorts aux ficelles un peu grosses. Et au bout d’un moment, on n’y croit plus. Tout le jeu géopolitique est plutôt intéressant mais a tendance à diluer le film car finalement Robin des bois n’y participe que par hasard et malgré lui. Il y a aussi des circonvolutions assez peu utiles —la première impersonation au moment de remettre la couronne, le combat de Marianne par exemple— et des personnages superflus —Lea Seydoux, le Sherif de Nottingham en autres—.
Et justement, les personnages sont l’autre gros point faible du film. Outre les superflus, il y en a un paquet de sous-développés et en premier lieu le méchant Geoffrey, méchant parce que très méchant. La bande de compagnons d’armes de Robin est tellement peu étoffée qu’elle laisse la désagréable impression de n’être qu’un faire-valoir pour dire : “mais si, regardez, c’est bien un Robin des bois”. Pire : Robin des bois lui-même est d’une terrible platitude, pas aidé par le jeu d’acteur de Russel Crowe. Malgré tout ce qui lui arrive, on n’a pas l’impression qu’il suit un arc narratif et ne progresse pas. Le personnage qui aurait ce qui se rapproche le plus d’un arc narratif est le Prince Jean, Roi Jean pardon, avant un rétropédalage de dernière minute quand on se rend compte que la vraie histoire de Robin des bois commence au générique de fin.
Bref, malgré une approche osée du héros, Ridley Scott nous propose un faux Robin des bois qui est un vrai mauvais film de chevalerie.