C'est une petite chose ridicule par rapport au Robocop de 1987, mais comme c'est assumé et que le chemin pris n'est pas le même, on peut estimer que tout est à sa place. En effet, les auteurs revendiquent un film autonome qui cherche la déférence à l'original en visant la qualité technique au sens large. Par conséquent, les deux films ont peu à voir, celui-ci est un reboot, en rien un remake. Faire écho au Robocop de Verhoeven consiste pour les auteurs à concéder quelques clins-d’œil aux fans et actualiser l'habillage.
Mission accomplie, car les aventures du brave Alex Murphy muté en Robocop donnent lieu à de belles parades numériques agrémentées de quelques promesses pour l'esprit, tenues d'ailleurs, mais c'est bien vers la performance pure que le film s'oriente. Et il en résulte un excellent divertissement, du cinéma pop-corn équilibré et intelligent. On pense un peu au travail de Neil Blomkamp, où une virtuosité pure et lisse gommerait sa candeur enflammée. S'y ajoute une dimension satirique amusante portée par Samuel Lee Jackson, mais elle est un fébrile reflet à la farce façon Verhoeven et ses intentions sont au mieux peu profondes, au pire complètement embrouillées. Le dénouement renchéri sur cette indécision bizarre côté socio-politique.
Pour superviser ce projet, les studios ont mandaté Padilha. Connu pour ses deux Tropa de Elite à la violence réaliste et sans pudeur, le cinéaste brésilien est un gage en matière d'efficacité. Toutefois son emprunte est ici mineure et il est au maximum le gestionnaire de ce produit rutilant, dont il n'a pas signé le scénario et qu'il n'a eu qu'à coordonner. Naturellement ce label est trompeur car Robocop 2014 n'est pas un film politique. Ses auteurs ont donc raison de le vendre comme un produit lâchement affilié à son modèle officiel et surtout très musclé. C'est ce qu'il est et ça lui va bien. Robocop 2014 est raffiné dans son registre, sans être du tout visionnaire.