Ouais bon ok je demande pardon à Mr Padilha, j'm'étais un peu emporté.
Le besoin d'en taper quelques mots immédiatement est d'autant plus fort que j'étais le premier à cracher ouvertement sur le projet, dès son annonce toute fraîche et les quelques images qui suivaient, petit à petit, agrandissant ma rancœur lassée envers cette industrie croissante de l'exploitation ventrue des créations et autres univers bâtis dans les années 80.

Les premières photos du robot m'avaient fait rire, montrant sans la moindre honte le fils bâtard entre Judge Dredd et un ninja G.I Joe, le tout à cheval sur le bat-pod. Les premières images des trailers m'avaient pleinement entretenu dans cette confortable haine désabusée pour ces liftings aussi cupides qu'inutiles. "Ha ok maintenant on voit sa femme et son gosse pendant de longs plans, faut bien ajouter du tire larmes pour satisfaire le bouffeur de pop-corn actuel moyen" ; "Haha putain c'est moche..." ; "Bordel je m'amuse plus en regardant une démo de Metal Gear Solid sur PsOne" ; "Mais merde les ED-209 ne ressemblent à rien..." ; "Bien lisse, bien doré, bien brillant, bien designé pour gaver à satiété le fan de Batman, bien adouci, bien aseptisé pour emmener son bambin rigoler devant un film de super héros" ; "Mais Verhoeven, pourquoi s'acharne-t-on donc sur toi de la sorte..." ; "Bande de gros cons" .... Ouais j'ai été vache avec ce qui semblait déjà être une grosse bouse annoncée... Et pourtant, toutes mes excuses.

Le film reprend les thématiques principales de l'original mais les retravaille de manière tout à fait bien jouée pour s'en détacher un maximum. Là où Verhoeven concentrait son truc sur une société gangrenée, Padilha se sert de la thématique pour poser des questions d'ordre technologique et pseudo-psychologique. Les deux films, à leur manière et sous le même titre se permettent d'être relativement visionnaires tout en piochant ce qui les attire le plus sur un sujet ma foi bien vaste. Et c'est à peu près tout, parce qu'il est futile et vain de continuer de comparer ce RoboCop avec son modèle tant ça n'a plus grand chose à voir. Et puis parce que de toute façon, ça ne servirait qu'à lui nuire à outrance, et c'est franchement pas mon but ici, adulant le film de 87 au plus haut point, de bout en bout et le considérant comme LE chef d'oeuvre du film robotique et de l'amertume sociale. Padilha n'est pas Verhoeven, ce n'est pas sa prétention et ce n'est absolument pas ce qu'on lui demande, il le sait bien. Lui a ses obsessions personnelles et son savoir faire éprouvé, et c'est ça qu'un thème de base comme le super flic de métal lui permet d'exploiter. Et c'est cool. Pas plus, pas moins.

Donc si ça n'a pas grand sens de comparer tout ça au chef d'oeuvre de Verhoeven (oh putain que si que c'est un chef d'oeuvre), c'est plutôt aux grosses productions actuelles que l'envie me vient de penser ici. Ces productions qui, remakes ou non, préquels, séquels ou autres perfusions sur comics ou quelconques romans pour ados, se sentent obligées d'écraser leur histoire et l'identité de leur réalisateur sous une déferlante suffocante d'effets en pagaille, de gros lens flares épileptiques, de jeux de caméra vomitifs, d'action filmée en gros plans hachurés et de tous un tas de "trucs" qui assurent aux producteurs l'impression immédiate de divertissement-Big-Mac, certes immédiatement effacé une fois sorti de la séance mais rentable. Certainement rentable, peu importe qu'on parle d'équipe de mutants ou de romance vampirique.
RoboCop n'a incroyablement rien à voir avec tout ça. C'est en quelque sorte un ovni au milieu des productions musclées dont on a l'habitude et Padilha semblerait bien avoir réussi à marquer de son identité le film au fer blanc, de manière bien sûr timide, pour en faire quelque chose de, sinon personnel, d'au moins "parlant" et porteur de message, aussi bourrin et ressassé soit-il. Et c'est vraiment bon de voir un film qui peut "vraiment" se prétendre de "SF" pour une fois, interrogeant autant son statut premier de divertissement pur que sa thématique forte. Ça ne s'élève évidemment pas dans des panthéons de subtilité mais ça sait prendre son temps et poser les choses avec pudeur et sobriété tout en slalomant plutôt admirablement entre les gouffres de facilités excessives mimétiques assurant pourtant aujourd'hui les gros dollars à ses contemporains.

Alors voilà, je n'm'étendrai pas plus sur le sujet pour l'instant, mais il me fallait me procurer l'impression d'excuses publiques en quelques mots rapides. J'ai dégobillé cette denrée avant même qu'elle ne soit confectionnée, j'ai eu tort. (m'enfin faut dire que la bouffe ces derniers temps, et surtout sur cette tranche cinématographique, n'est pas de toute première fraicheur habituellement...)

(mais ok ok, j'ai pas d'excuse, ce film m'a plu)

(...)

(..)

(m'enfin les remakes c'est quand même de la merde hein)
zombiraptor

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