En fait, c'est simple. Il faut un code spécial pour aimer ce film, une directive "aime Murphy" niveau 5.
Ce nouveau Robocop repompe mollement mais aborde aussi beaucoup de questions éludées par le rythme incroyablement prenant de l'original. C'est un peu la tactique des remakes actuels (ex : "La planète des singes"). On développe des détails plus réalistes même si parfois sans importance que l'original avait mis de côté. Et c'est ce qui est plaisant dans ce Robocop, ces détails non sans importance sur lesquels José Padilha concentre son récit au risque de faire plus compliqué et d'obtenir un produit bancal et incompatible avec sa propre formule de vente (fais tout péter, ça suffira). Pas facile de faire un blockbuster de Robocop de nos jours, le projet a toujours semblé difficilement gagnant.
Ce lien indéfectible de la machine avec Omnicorp, c'est ce qui fonctionne à peu près. C'est une machine mais c'est aussi un homme prisonnier d'une entreprise, un héros mis en esclavage. Un objet de luxe avec une maintenance complexe et hors de prix. Au souvenir du Verhoeven autant destructeur que rentre-dedans vient s'y adjoindre ces nouveaux points et ce n'est pas de refus. C'est pourquoi je n'ai pas été étonné plus que ça lorsque Robocop passe outre le verrou final par sa seule volonté, car il s'agit bien de cela tout le long. De l'ascendance que Murphy va pouvoir prendre sur la machine, son espace de liberté mentale. Parler de l'emprise de l'esprit sur un corps fait à 90% de machines extérieures à soit n'était pas évident et je trouve que cette approche est tenue, plus complexe que la bouse attendue et vaut une certaine sympathie pour l'amateur.
Après, ce n'est pas aussi bien dans les autres compartiments malheureusement... Côté représentation des médias, le bien joli "The Novak Element" semble le seul programme diffusé et il est impossible de croire à la puissance d'endoctrinement d'un Samuel L Jackson et de son brushing.
L'action est finalement assez secondaire, illogique et souvent moche, mais bon, Robocop contre une meute d'ED209 tout droit sortis de Quake II, je prends quand même. Il saute, ah ouais bon... Globalement, ça fait cheap design en plastique sur les bords mais l'armure de Robocop est bien agencée malgré tout et montre parfois une bonne puissance. José Padilha semble en être un peu trop fier d'ailleurs. Au point de nous remettre deux fois le costume "à nu" alors que Murphy avait juré qu'il allait tout casser s'il revoyait ça. Finalement, on le revoit à la fin, signe aussi qu'il accepte sa condition. Ça ne me semble pas imbuvable ni illogique non plus mais le tout est assez gras certes...
... Oui, je vois bien que c'est foireux mais ce n'est pas trop dommageable vue la merde à laquelle on pouvait s'attendre. Le pire en fait, c'est surtout la bande originale avec des titres à tirer des coups de feu dans les enceintes. Exemple, l'espèce de rock tyrolienne qui démarre lors de la séance de ball trap. Alors là, sommet de l'ignoble. Un stagiaire a encore fait des siennes. Il y a aussi de bon gros faux-raccords impossibles et baveux mais j'ai pardonné plus d'une fois (Le Hobbit aussi donc bon...).
Pas mal de sympathie à voir évoluer tous les seconds rôles sur le retour vient aussi grandement sauver la chose. Gary Oldman, Michael Keaton et Samuel Jackson prennent un plaisir évident à cabotiner. Michael K. Williams a la classe même quand il ne fait rien, Jay Baruchel me fait rire même quand il n'est pas drôle et Jackie Earle Haley frime comme personne même s'il n'a rien à dire. VO indispensable.
C'est donc pour moi un bon équilibre entre "c'est faible, mal fichu et en prime dilapidé par les studios" et "je ne me sens pas le saquer vu le plaisir ressenti à la fois du bon et du mauvais côté de la chose." J'ai aussi tendance à être beaucoup plus tolérant avec un film qui a eu du mal à accoucher, or on sent bien ce que José Padhila souhaitait faire malgré tout.