Il va falloir s’y faire, Disney a prévu tout un programme pour nous abreuver chaque année de notre petit gueuleton Star Wars, l’opération a comme on le sait démarrée l’an dernier avec un Réveil de la Force plutôt réussi, dans la droite lignée de la saga familiale que les fans de la première heure affectionnent tant. Ici l’intérêt est tout autre puisque les producteurs ont comme ambition de boucher les trous entre les épisodes par des spin-offs, Gareth Edwards en prend les rênes, bien heureux de perpétuer l’univers de son enfance, comme JJ Abrams un passionné avec un monstre entre les mains, la tâche est donc des plus rudes.


On comprend directement cette volonté de briser la chaine continue de Lucas avec l’absence remarquée du générique défilant en plus du thème musical légèrement modifié, cependant toujours catapulté dans l’espace intersidéral pour entrer en orbite vers une nouvelle planète et une nouvelle aventure. Une escouade impériale se pose dans un décor terreux au bocage encore préservé où se loge une famille tenue par un ancien de la maison mère du côté obscur, une fillette s’échappe, conservant en elle le flambeau iconique d’une future héroïne rebelle, puis 15 années passent pour la retrouver entre les verrous, prête à se déchainer et retrouver son père, détenant un secret convoité par l’Alliance visant à détruire la machinerie implacable et destructrice qu’est l’Étoile de la Mort. À partir de ce point tout se tient et les péripéties ne demandent qu’à se déployer pour offrir son vœu de divertissement, mais je dirais que dans cette logique de refonte de héros le film s’emploie a fournir son lot d’informations de manière un peu indigeste, notamment par le découpage sommaire des séquences entre les planètes. On fait du va-et-vient, sans compter qu’on nomme les lieux en encart, il manquerait presque l’heure à la minute près comme dans X-Files, bref (je taquine), et en passant les fondus originaux ne sont plus d’actualité, cependant cohérent avec l’entreprise revendiquée.


Au rayon des personnages mis à part celui de Felicity Jones, figure principale reliant tous les points d’ancrage du scénario, le reste forme une sympathique troupe, avec notamment un aveugle digne du prof de Daredevil invoquant la Force en prière, un robot impérial (K-2) malicieux tel C3PO en plus de ceux qui doivent porter leurs responsabilités vis à vis de leurs camps, avec toutes les répercutions qui y sont attachées. C’est d’ailleurs une des grandes qualités du film, son caractère anti-manichéen, l’Alliance a conscience de ses actes, il y a une réelle ambivalence entre le bien et le mal, il faut rendre hommage a cette volonté déterministe de garantir un certain sérieux dans ce contexte de guerre, toutefois, et heureusement, le second degré est au rendez-vous, par bribes certes, mais il est présent, ce qui forme un ton régulier, même si, ne nous voilons pas la face, l’ambiance est plus du côté de l’élaboration de stratégie militaire que du fun et d’un équilibrage en terme d’action réjouissante. L’Empire a lui aussi son petit contingent avec le directeur Orson Krennic, à la fois machiavélique, ambitieux et soumis à l’autorité de ses supérieurs, et là petit coup de gueule, ce Tarkin en motion capture, mon Dieu, lors de certains plans on serait presque dans une cinématique de jeu vidéo, franchement c’est pas sérieux, de là à (re)mettre sur la table un soucis éthique et glauque de représentation d’un acteur passé à trépas, pauvre Peter Cushing ... Et n’oublions évidemment pas Vador, qu’on nous avait bien vendu dans les trailers et qui ne manquera pas de faire très bonne figure lors de ses deux apparitions, pour le coup le fan service a du bon.


Mais je dirais que le principal intérêt du film, enfin ce dont je serais en mesure de conseiller aux gens d’aller le voir en salles, réside dans sa bataille finale, elle doit durer environ trois quart d’heure et répond totalement aux attentes comme rarement, c’est tellement haletant; en fait tout est résumé ici dans la volonté d’Edwards de fusionner le pur divertissement et le film de guerre authentique, on a droit à des séquences d’imageries exceptionnelles et des enjeux stratégiques. Comme propulsé dans une partie de Battlefront avec quelques niveaux de plate-forme en plus, d’un sens on pourrait aussi reprocher cette manière à rendre l’action ludique sans y toucher, je me suis posé la question, car au final l’objectif (simple) est fait de quêtes, de "niveaux", de points de vues, pour arriver à terme, mais cela était déjà le cas dans certains épisodes de la saga, même si ici très prononcé je dois dire. Malgré tout le trait fataliste de la conclusion sonne comme une issue vraiment impressionnante de culot tant les héros que nous vend généralement cette saga (ou d'autres) semblent impérissables, rendant ce volet assez unique et profond en terme d’engagement et surtout de parti pris, je salue personnellement les scénaristes, fait d’arme (!). D ‘autre part j’aimerais aussi revenir sur cette qualification de "spin-off", qui n’est pas réellement assumée puisqu’il faut avouer qu’on a devant les yeux un prequel direct à l’épisode IV, avec ses clins d’œil parsemés ici et là, surtout une ultime séquence qui ne trompe personne, mais comme pour la Revanche des Sith les références à la trilogie originelle sont toujours précieuses pour invoquer de vieux souvenirs et les remettre au gout du jour, réminiscence excitante.


En définitive ce nouveau film estampillé Star Wars se montre assez inventif et particulier, certes un peu barbant dans son étalage d’innovation forcée, mais il reste assurément un épisode à part entière, notamment par sa volonté de vendre du neuf en tout point, ou presque. Jamais la guerre n’a été évoquée de cette manière dans l’univers de George Lucas, on perd en fun mais on gagne en maturité, donc il n'est pas certain que les plus jeunes soient réellement réceptifs à cet engagement mais le fait est que Edwards a rempli son contrat pour fournir un épisode personnel et généreux. La Force est toujours là !

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le 14 déc. 2016

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JimBo Lebowski

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