Premier film de Pascal Laugier, produit notamment par son ami Christophe Gans, Saint Ange s'avère ne pas être une réussite totale... Plus inspiré par les vieux films de suspense des années 50/60 comme Les Innocents, Les Diaboliques ou encore plus récemment Les Autres, le jeune réalisateur/scénariste ne souhaite pas proposer un énième film d'horreur ou un drame fantomatique mais plus une virée inquiétante et pleine de sombres questions, chose que le public français n'est pas réellement prêt à voir en 2004...
Pour un premier long, il faut avant tout saluer l'impressionnante qualité graphique du film, Laugier s'entourant de grands noms comme l'Américain Joseph LoDuca (Evil Dead, Le Pacte des Loups) pour l'entêtante musique, l'Argentin Pablo Rosso (Les Enfants d'Abraham et tous les futurs films de Jaume Balagueró) pour la sublime photographie et Bertrand Seitz (qui a travaillé sur La Cité des Enfants Perdus) pour les inquiétants décors que le réalisateur exploite à la perfection. Il filme avec grâce et élégance, usant de merveilleux quoiqu'un poil trop présents travelings et autres fondus tout en dirigeant une Virginie Ledoyen froide comme la pierre et une Lou Doillon bargeot.
Si le tout est bien filmé, propre et bien interprété, le film souffre hélas d'un manque de rythme et d'une linéarité convenue. On est tout le temps dans l'a peu près, Laugier voulant en montrer le moins possible. Le seul bémol c'est que, lorsqu'on ne montre rien, il n'y a rien ! Le sujet de l'orphelinat hanté est donc abordé sans jamais aller jusqu'au bout des choses (notamment un final un peu trop empli de questions sans réponses). Le rythme est très lent et fait avancer l'histoire sans toute fois la rendre passionnante. Saint Ange reste ainsi un premier film intéressant bien que maladroit car trop personnel et pas assez évident pour le grand public, peu empreint aux scénarios à interprétations, ce qui n'enlève en rien une certaine qualité de mise en scène indéniable et surprenante.