(1968. FR. : Saludos hombre. ITA. : Corri uomo corri
Vu en VOST, DVD éditions Seven 7)
Fin du 19ème siècle. Le Mexique est de nouveau en proie à la guerre civile et à la tentative révolutionnaire de Santillana (John Ireland) et ses hommes. Cuchillo (Tomas Milian), simple peon et voleur à ses heures perdues, se retrouve alors enfermé auprès d’un des leaders contestataires, Jimenez (José Torres), et se met en quête de l’aider à s’évader et à retrouver une somme fabuleuse pour financer la Révolution…. Un trésor que convoitent également un chasseur de primes américain, des espions français et d’anciens révolutionnaires devenus desperados…
Deux années après le magnifique La resa dei conti (Colorado en français), Sergio Sollima signe une fausse suite aux aventures de Cuchillo avec ce Corri, uomo, corri (titre qui s’inspire de la chanson du premier opus, Run man run). Si Tomas Milian est une nouvelle fois en forme olympique, dans ce rôle qui lui va si bien, ce Saludos Hombre (titre français débile…) est malheureusement loin d’atteindre le niveau de Colorado (titre français débile…). La faute, notamment, à un budget moins conséquent, un casting moins alléchant ou encore une histoire assez confuse, au ton bien moins sérieux que sur le premier. En clair, le gros problème de ce film, c’est qu’il n’atteindra jamais la maestria du premier opus et qu’on ne peut s’empêcher de les comparer…
Toutefois, on est clairement ici face un western italien de qualité où Sollima retrouve ses thèmes favoris : dénonciation des puissants, glorification de la révolte… D’ailleurs, par bien des aspects on se rapproche du courant Zapata et politique du western italien marqué par la trilogie de Corbucci (El mercenario auquel on pensera dès la première scène avec les soldats mexicains pendus ; Companeros dont le scénario cultive des ressemblances avec le film de Sollima et Mais qu’est-ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ? qui aurait été un très bon titre ici, tant Cuchillo semble éloigné de cet idéal collectif et impliqué malgré lui dans ce gros bordel…)
Milian au four et au…moulin !
Passée la déception de ne pas retrouver la grâce de ses deux premiers westerns, dont le superbe Faccia a faccia, il faut bien avouer que ce Saludos hombre est des plus divertissants et multiplie les séquences de qualité. Après un superbe générique et une entrée en matière des plus ironiques, on suivra sans s’ennuyer une seconde les péripéties de notre lanceur de couteau qui pour mener à bien sa mission devra passer par diverses difficultés : attaché et torturé par O’Brien en plein désert, accroché à la roue d’un moulin (bien avant Keoma), emprisonné, à deux doigts d’être exécuté…et bien sûr un duel avec un Cuchillo en mode « chauve-souris » !
Si l’italo-cubain vampirise le film, les seconds couteaux qui l’accompagnent sont des plus agréables. Certes Donald O’Brien (Keoma, 4 de l’apocalypse…) n’est pas Van Cleef mais il s’en sort avec les honneurs. C’est un immense plaisir de retrouver John Ireland (Montagne rouge, Perversion story…) en révolutionnaire mexicain plutôt crédible ! On regrettera que sa présence tienne surtout de l’apparition. Les mercenaires français joués par Marco Gugliemi (Un homme un cheval un pistolet) et Luciano Rossi (5 pour l’enfer, Rue de la violence ) sont également de bonnes surprises. (Petit rappel historique : sous Napoléon III, la France est allée jusqu’au Mexique et a même instauré un empire avec Maximilien III…ce fut un échec cuisant, le pouvoir étant renversé au bout de quelques années par une révolution et Maximilien y perdit sa tête !)
Quel plaisir aussi de retrouver deux de mes acteurs fétiches : Nello Pazzafini en ex-révolutionnaire à la tête de desperados s’intéressant plus à l’argent qu’au bien-être du peuple mexicain. Et l’excellent José Torres, acteur espagnol aperçu dans un bon nombre de westerns : ceux de Sollima, mais aussi Tepepa, Django prépare ton cercueil…
Enfin, les interprètes féminines tiennent ici le haut du pavé, ce qui est à signaler car assez rare dans le genre. La femme forte et pulpeuse qu’est Chelo Alonso (Un tueur nommé Luke) en fera voir de toutes les couleurs à Cuchillo comme Linda Veras (Faccia a faccia, Sabata) en bénévole de l’Armée du salut pas si désintéressée qu’on pourrait le croire !
En somme, alors que j’étais resté sur ma faim lors de ma première vision (il y a plus de 10 ans…), je dois concéder que je l’ai bien plus apprécié cette fois-ci, après avoir vu nombre d’autres spaghetti depuis. Sollima n’a pas perdu de sa verve et Milian est toujours impeccable même dans le comique (on est encore loin de ses prestations bouffonnes du Blanc, le jaune et le noir ou les Nico Giraldi). Alors que les deux précédents westerns sollimiens ont été édités en Blu-Ray, on espère que ce troisième opus y aura droit pour rendre hommage au film, car la version DVD a pris un sacré coup de vieux…
Attribuée à Bruno Nicolai, la B.O. fut en fait composée par Morricone, mais c’est son acolyte d’alors qui assura l’orchestration. Sans être la meilleure mélodie du Maestro, loin s’en faut, elle est des plus agréables notamment la chanson du générique interprétée par Milian himself (qui chantera à d’autres reprise, notamment pour La victime désignée) dont je vous laisse les paroles : "Quiconque cherche la révolution, la mort non plus ne rencontrera. Nous lutterons contre le danger et nous aurons le cœur léger pour la justice et la fraternité. Les jeunes filles sont privées de la fleur de la vie et de l’amour. Pour les saluer, il n’y a plus personne. Pour nous c’est la vie, plus cette idée sera ancrée en nous, plus notre vie sera heureuse."
La BO : https://www.youtube.com/watch?v=vB927WyKNI8&list=OLAK5uy_lA2Z7ZkZVKhAWX8wYedY5Ph407A155iP0
Mes critiques de deux autres films de Sollima : Colorado et La cité de la violence.