All there are now are remakes. Only horror studios green-light. I mean, there are still rules, but the rules have changed. The unexpected is the new cliché.



Que la saga continue ou non sans Wes Craven, Scream 4 marque la fin d'une ère alors qu'il promettait potentiellement le début d'une autre. Pour le mieux.


Ne vous méprenez pas, j'aime les films plus qu'il est raisonnable. J'aime même bien Scream 2 alors qu'il développe pendant bien trop longtemps une intrigue mêlant des fraternités américaines et les ambitions théâtrales de Sidney. Rien qu'à l'écrire, j'en ai mal au coeur. Mais rien à faire, il y a quelque chose, dans les Scream, qui continue de me plaire : c'est la manière dont les films s'auto-critiquent et se permettent alors les ressorts les plus clichés du genre sans pour autant en devenir une blague complète. J'ai largement développé cet aspect dans mes autres critiques (ou possiblement dans ma tête) donc je ne reviendrai pas dessus, mais je continue à admirer Wes Craven et Kevin Williamson d'avoir réussi à garder un apparent contrôle de l'histoire qu'ils voulaient raconter. Le dernier volet de la saga permet de la clôturer d'une manière satisfaisante tout en élevant le niveau par rapport au 2 et au 3 (ce qui n'était plus gagné).


Scream 4 ne bénéficie pas l'avantage d'être "révolutionnaire" comme l'était Scream en 1996. Nombre de bons scénarios parviennent à jouer avec l'horreur de manière originale (je pense à American Horror Story, qui est sorti après 2011, mais qui encapsule bien cette tendance à l'auto-dérision originale) et les Scary Movies gardés en tête entravent l'appréciation pleine de l'auto-dérision décalée des dialogues de Kevin Williamson - enfin soit, tout ça pour dire que les temps ne sont plus les mêmes. La recette est connue. Les palais sont habitués.


Du coup, Scream 4 ne pouvait plus se permettre de juste reposer sur les joies de la méta-critique comme l'avait joué Scream 2. Il ne peut pas non plus se concentrer sur la mythologie des meurtres puisque Scream 3 a pressé tout ce qui était encore exploitable de l'histoire de Maureen et Sydney Prescott. L'intrigue était clôturée, enfin, et complètement. La dernière scène promettait une vie traumatisme-free pour l'héroïne alors que Dewey et Gale arrêtaient de se renifler le cul pour enfin officialiser leur flirt interminable ; porte ouverte, soleil, détente et cellule familiale bancale mais attachante, une routine méritée leur était promise. C'était sans compter la cruauté de Craven et Williamson.


Dix ans plus tard, Scream 4 nous ramène à Woodsboro. Les survivants sont toujours là, mais ils ont vieilli et c'est à une nouvelle génération d'ados agaçants de se faire couper en morceaux. Les fêtes sont plus grosses, les téléphones plus performants, mais les mauvaises blagues et préoccupations lycéennes sont les mêmes. Kids will be kids. Il y a maintenant 7 films Stab, Dewey est shérif, Gale s'ennuie et Sidney a écrit un livre sur sa vie. C'est d'ailleurs ce qui l'a ramenée à la maison, juste à temps pour fêter l'anniversaire des meurtres originaux avec la jeunesse locale parce que :



One generation's tragedy is the next one's joke



Sans compter que c'est un coup de promotion gigantesque. Ce n'est pas hyper fidèle au personnage qu'elle accepte sans broncher mais bon, elle a probablement des factures à payer, et ce n'est pas comme si sa carrière sur les planches n'avait jamais montré ne serait-ce qu'un petit peu de promesse. Sidney séjourne avec sa tante, attache bien commode à la ville de son enfance, et sa nièce qui fait partie du groupe des jeunes qui se font trucider. Retour à la case départ.


Comme le disent Charlie et Robbie (paix à Randy), les remakes ne peuvent pas se contenter de reprendre les règles originales, et si Scream 4 n'est pas un remake en lui-même, il tente au mieux d'y ressembler et c'est en ça qui brille. L'aspect caméléon révèle en fait des différences subtiles qui font que le quatrième volet parvient encore à surprendre.


En effet, et contrairement aux films précédents, ce qui anime Scream 4 est la question du whodunit. On a eu la jeunesse dérangée par la banalisation de l'horreur, la vengeance pure et simple et l'oedipe non résolu : quel sera le prochain meurtier masqué ? Qui, de ces ados imprudents et insensibles, s'amuse à égorger ses copains ? Aucun d'eux ? Un adulte peut-être ? Un des originaux ? C'est peut-être juste moi, mais Scream 4 m'a paru laisser toutes les portes ouvertes. Les anciens films semaient le doute par des indices suspects ; celui-ci s'efforce à faire paraître (presque) tout le monde innocent.


Ne vous inquiétez pas, les personnages n'en deviennent pas pour autant sympathiques (nombrilisme oblige) et c'est quand même marrant de les voir se faire tourmenter, mais je ne peux qu'admirer l'effort du parti pris de ne pas (vraiment) désigner de coupable facile. Le motif du tueur est assez facile à deviner (et recyclé : coucou second-tueur-du-2-dont-j'ai-oublié-le-nom) mais il peut être inversé assez facilement, ce qui fait qu'autant les petits jeunots que les vieux de la vieille sont des potentiels meurtriers.


Dans ce mic-mac de bonnes gueules, c'est du coup assez marrant de suivre l'enquête de Gale (si vous pensiez qu'elle avait du mal à connecter avec la jeunesse des années 1990 regardez-la trébucher devant celle des années 2010 : ça n'a pas de prix) comme de suivre la protection policière supervisée par Dewey (spolier alert : elle s'avère inefficace), et on en vient même à croire à l'amour qui soude Sidney à famille tombée du ciel par un recours scénaristique.


Scream 4 est drôle. Les meurtres sont inutilement cruels mais jubilatoires (vas-y que j'me prends des points sur l'échelle de Hare). La naïveté des adultes se paye cher ; l'arrogance des jeunes aussi. Chaque génération pense avoir tout vu mais parvient à se faire surprendre. Alors oui, le petit speech du tueur à la fin est ridicule, encore une fois, mais ce ne serait pas un Scream si on n'avait pas un maniaque illuminé au coeur de l'histoire. Et les longueurs de la fin sont largement rattrapées par le début, ô comme toujours si distrayant.


Sans être parfait, Scream 4 lâche le second degré trop affiché vu-et-revu pour lui préférer un cynisme pinçant. Le résultat n'est pas au niveau du premier, mais s'en rapproche fortement. Reste le mou des relations entre les personnages mais entre nous, qu'est-ce qu'on s'en tape : un Stab-a-thon dans une grange glauque vaut bien quelque mélodrames.


Scream 4, la fin qui n'était pas nécessaire mais qui reste bienvenue.


La partie 1 : http://www.senscritique.com/film/Scream/critique/6617751
La partie 2 : http://www.senscritique.com/film/Scream_2/critique/6623040
La partie 3 : http://www.senscritique.com/film/Scream_3/critique/6716397


Maintenant, tous ensemble :



I don't even know you, and I dislike you already.



Je ne vais pas vous cacher la vérité : je ne pense pas pouvoir faire preuve d'esprit critique lorsqu'il s'agit de Scream.


Meh, tant pis, j'ai essayé.


La série : http://www.senscritique.com/serie/Scream/critique/60879175

mirlitons
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le 3 mai 2016

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