Ma nouveauté préférée de 2015 - titre qui ne veut rien dire puisque j'attends généralement que les saisons soient finies pour commencer une nouvelle série mais soit - Crazy Ex-Girlfriend a tout pour agacer et pourtant, reste charmante. Je m'explique.
Dès le titre, on sent que la chose sera prompte à l'humour cringe, celui qui met mal à l'aise et fait hérisser les poils, pas style Hannibal "j'ai-envie-de-gerber-tellement-que-c'est-dégueu" mais plutôt du genre The Office aux débuts de Michael Scott : un malaise découlant du fait qu'on sait que le personnage va se faire humilier alors qu'on n'a d'autre choix que d'assister, impuissants, à sa démise. Ô, l'horreur !
Donc oui, Rachel Bl-- pardon, Rebecca Bunch, avec sa fixation sur son premier amour, nous promet dès les premières minutes du pilote des moments d'angoisse profonde. Avocate accomplie à New York, elle décide après avoir brièvement revu son copain d'un été, de déménager en Californie, là où il habite, plus ou moins dans l'espoir de renouer avec lui (en fonction de l'état de déni dans lequel elle se trouve). A partir de cela, chacune des décisions qu'elle prend semble être mauvaise, si bien qu'on ne peut que se demander comment elle a réussi à fonctionner socialement pendant à peu près trente ans. Parce que Rebecca ne se contente pas de déménager dans la ville du charmant Josh Tran, elle est également prête à à peu près n'importe quoi pour passer le plus de temps possible en sa compagnie, mensonges, déceptions, scénarios élaborés et, pourquoi pas, un peu de pole-dancing. The girl's got some moves !
Un enfer qui s'annonce ?
Non !
Alors que les prémisses promesse le pire, la série est parvenue subtilement à décroiser les doigts derrières lesquels je cachais mes yeux. Certes, Rebecca continue de lentement creuser le trou dans lequel est finira inévitablement par s'enterrer, tâche (à peine) aidée par les autres protagonistes, mais plus que ça, Rebecca parvient à se détacher du rôle "d'ex complètement taré" pour celui "de grande romantique" dont les désillusions finissent par nous paraître complètement plausibles. Deux explications possibles : soit Rebecca n'est pas si folle que ça et le monde entier à tort, soit Rachel Bloom est tellement douée que son écriture fait naître en nous le brin de folie nécessaire pour s'amuser des aventures de son héroïne. Quoi qu'il en soit, Crazy Ex-Girlfriend est bien partie pour devenir une référence dans mes comédies préférées.
La sensibilité de la série réside principalement dans son héroïne, Rebecca, et dans la fabuleuse interprétation par Rachel Bloom. On l'aura compris, elle est déjantée mais très gentille et du coup, il devient difficile de ne pas l'aimer. Il serait pourtant trop facile de laisser de coté les autres personnages, dont les facettes se révèlent au fil des épisodes. L'intrigue, qui au départ s'annonce comme un triangle (losange ?) amoureux digne de n'importe quelle comédie romantique, s'épaissit. Si bien qu'à la mi-saison, je me vois remettre en question tout ce que je déduisais du première épisode. Josh est niais. Josh a un coeur d'or. Rebecca est névrosée. Rebecca sait ce qu'elle veut. Greg est charmant. Greg est buté. Valencia est fausse. Valencia est lucide. Et j'en passe.
Ces merveilleux retournements de situation ne brisent peut-être pas toutes les règles des séries télévisées mais sont rafraîchissants dans un genre parfois bien prévisible. Rachel Bloom se permet d'essayer des choses nouvelles (comme un générique parlé par les personnages au milieu de l'épisode juste parce que pourquoi pas ?) et espérons que la série ne tombera pas dans une routine précoce (ou qu'elle aura un nombre limité de saisons d'un niveau égal). Et si l'écriture en elle-même ne vous surprend pas, peut-être que les interludes musicaux, au moins deux par épisodes, parviendrons à vous interpeller. Mi-parodies de chansons populaires, mi-créations originales aux paroles amusantes, touchantes, ou même carrément émouvantes ("You Stupid Bitch" m'a mis les larmes aux yeux, que voulez-vous), ces moments m'ont fait me gratter la tête (avec les doigts qui ne ne cachaient donc plus les yeux) et m'exclamer à voix haute : mais qu'est-ce qui se passe ? MAIS QU'EST-CE QUI SE PASSE, BORDEL ?
Je suis une fille simple : l'interrogation profonde est suffisante pour me satisfaire. Les intrigues amoureuse tordues sont juste la cerise sur le délicieux gâteau qu'est Crazy Ex-Girlfriend.