Presque dix ans après le succès de Sin City, adaptation trop fidèle et dénaturalisée de l'œuvre de Frank Miller, ce dernier et Robert Rodriguez reviennent en force pour nous livrer un second opus... qui comporte quelques nouveautés. Se basant toujours sur des histoires de la bande dessinée (ici "J'ai tué pour elle" et "Just Another Saturday Night"), le film rajoute deux aventures inédites, non tirées des comics et écrites par Miller himself : "The Long Bad Night" et "Nancy's Last Dance"...
Autre changement, le casting original revient mais quelques acteurs remplacent leurs prédécesseurs à savoir Dennis Haysbert à la place du défunt Michael Clarke Duncan, Jeremy Piven au lieu de Michael Madsen, Jamie Chung à la place de Devon Aoki et Josh Brolin qui campe une version antérieure de Clive Owen (un changement logique compte tenu de l'histoire). Pour ceux qui ont adoré le premier volet, vous allez une fois encore vous régaler face à cette nouvelle mouture dans la même veine que le précédent avec une galerie de personnages dégueulasses, des histoires noires qui s'entremêlent, un noir et blanc éclatant d'où émergent de temps en temps quelques couleurs surexposées, de la violence et du sexe.
De nouveaux personnages font leurs apparitions, de nouvelles révélations aussi, étoffant l'univers froid et sans pitié de Basin City. Pour les plus réticents, Rodriguez continue d'œuvrer dans le n'importe quoi avec cette manie de tourner à la va-vite sous fond vert, de ne pas se détacher du matériau d'origine et de nous livrer comme d'habitude un gros cartoon sans âme ni talent. Car non, le réalisateur ne réparera pas ses erreurs et continuera au contraire de filmer sans vergogne les mêmes scènes du comics, ne se rendant jamais compte de l'absurdité de ces séquences idéales sur papier mais grotesques sur grand écran (comme les combats ou le personnage monstrueux de Wallenquist, campé par un Stacy Keach noyé dans une mélasse de maquillages hideux).
Qui plus est, les images de synthèse sont grossières, visibles et enlèvent une fois encore toute l'intensité des séquences dites choc. Violent, le film l'est graphiquement. Mais sans aucun impact, malheureusement. Restent heureusement l'excellent scénario de Frank Miller, la présence de la toujours aussi sexy Eva Green (qui montre ses boobs, encore) et celle de Joseph Gordon-Levitt qui incarne un nouveau personnage réussi. Au final, J'ai tué pour elle reste une déception visuellement plus proche d'un fan-film semi-amateur que d'une œuvre mémorable de film noir, une adaptation encore trop fidèle au modèle d'origine pour convaincre et reste tout au plus un divertissement sauvé par son scénario et son lourd casting.