Vingt-troisième mission pour l'agent Bond, qui fête ici ses cinquante années au Cinéma, Skyfall en profite pour renouveler les codes, inscrire encore plus James Bond dans son époque et opérer à un certain lifting dans l'entourage du britannique.
Pour cet anniversaire, les producteurs font appel à Sam Mendes pour la mise en scène, cinéaste talentueux qui avait déjà dirigé Craig par le passé, et celui-ci relève le défi avec brio. Il signe une réalisation élégante tout en démontrant une maîtrise de l'action, du rythme et de la tension, il se montre implacable derrière la caméra, sublimant un scénario parfaitement bien ficelé. Il propose ainsi une oeuvre haletante de bout en bout, sachant surprendre lorsqu'il le faut, et en misant sur un vrai jeu du chat et de la sourie.
Le royaume est dans le dur, et ce Bond exploite les failles internes du Mi6, et les terroristes pouvant venir de l'intérieur, thématique revenant souvent dans le blockbuster moderne. Il explore les passés douloureux et les personnages deviennent plus que jamais faillibles que ce soit Bond mais aussi M, qui tient ici un rôle capital. Il fait plutôt dans la subtilité, les portraits sont passionnants, il y a de l'intensité, ce qu'il faut en émotion et du suspense. L'antagoniste n'a que peu d'apparition, mais Mendes joue ici sur les ombres et un mal devenu invisible, alors qu'il prend aussi soin d'actualiser Q et Moneypenny, tous deux absents des précédents volets avec Craig.
Mendes prend le risque de jouer sur plusieurs tableaux et ça fonctionne. Si la psychologie des personnages et l’ambiguïté qui plane sur eux, tous comme les divers enjeux sont importants, il n'en oublie pas l'aspect espionnage ainsi que spectaculaire. Les scènes d'action sont dans le bon ton, et réussie, à l'image de celle au palais de Justice, le face-à-face à Shanghai ou dans le château d'Ecosse, Mendes dirigeant tout cela d'une main de maître.
Esthétiquement réussi, Skyfall bénéficie d'une superbe photographie ainsi que d'une bande originale allant à merveille avec les images, sachant se faire sobre lorsqu'il le faut. Daniel Craig est à nouveau impeccable dans le rôle de Bond, sachant retranscrire à merveille les doutes et failles de son personnage. A ses côtés Judi Dench est impériale en Lady qui assume son passé et ses choix, tout comme Naomie Harris, Ben Whishaw, Ralph Fiennes ou l'improbable Bardem, ils sont tous très bien dirigés.
Plus rien ne va en terre Britannique et en signant Skyfall, Sam Mendes signe un épisode étoffé, sombre, méticuleux et sous tension, finalisant avec brio le virage pris par la saga depuis deux épisodes, se montrant sobre et inspiré derrière la caméra.