Un blockbuster de série paresseux et si formaté dans tous les sens du terme qu'il s'oublie aussi vit

Hollywood ne sait plus quoi inventer. Après les « Transformers » ou encore la bataille navale avec l’énorme bouse « Battleship » (on parle même du Monopoly ou de Barbie en film!), les producteurs avaient tenté de lancer une franchise à partir des figurines G.I. Joe. Cette idée avait accouché de deux films d’action décérébrés mais techniquement plutôt bien foutus, à prendre au second degré ou comme de la détente du samedi soir. Le premier était idiot mais super impressionnant niveau action tandis que le second jouait la carte du toujours plus de manière plus ou moins probante. Ils avaient rencontré un succès commercial relatif mais une volée de bois vert niveau critique. Dix ans après, voilà qu’on nous propose une origin story à partir de l’un des personnages les plus iconiques et mystérieux des figurines : la ninja « Snake Eyes ». Pourquoi pas… Oui mais non au vu du résultat qui se prend trop au sérieux et qu’on ne peut même pas prendre au second ou troisième degré.


Nous voilà donc embarqué au Japon pour découvrir comment cet homme, incarné par Ray « Dark Maul » Park dans les films précédents, a intégré les G.I. Joe. Et bien on peut dire que les scénaristes ne se sont pas vraiment creusé la tête au vu du résultat : d’une banalité confondante, le script nous propose le déroulé classique traumatisme d’enfance, infiltration, vengeance, révélation et abnégation. Saupoudré bien sûr de considérations morales à trois francs six sous. Dans ce « Snake Eyes », il n’y a jamais vraiment rien de surprenant ni d’innovant. Dommage, car un tel personnage aurait pu se parer d’une mythologie et d’une aura bien plus réussie que ce collage trivial d’influences qui transpire le déjà-vu à chaque séquence. On passera sur les clichés qui pullulent concernant le Japon tout comme le jeu des acteurs au ras-des-pâquerettes, hormis Henry Golding très investi et plutôt charismatique dans le rôle-titre. Le pire est le traitement réservé à deux des trois rôles féminins. Étonnant en pleine époque où les femmes prennent le pouvoir au cinéma. Samara Weaving en Scarlett a le second rôle le plus inutile vu dans un blockbuster depuis bien longtemps tandis que la méchante Baronne jouée par Ursula Corbero de « La Casa de Papel » est tout à fait ridicule, de la consistance du rôle à son interprétation. L’une comme l’autre a dû avoir pas mal de scènes coupées au montage! Quant aux autres seconds rôles ils sont tellement sacrifiés que cela en devient gênant (de Tony Todd à Iko Uwais).


Et niveau cascades, fusillades, combats et autres séquences spectaculaires me direz-vous, car c’est bien pour cela qu’on vient voir ce type de blockbuster de série. Et bien rien à se mettre sous la dent, c’est tout aussi déjà-vu que le reste. Hormis quelques plans sympas disséminés dans des séquences d’action au final peu nombreuses, comme celui sur tous les personnages se battant contre le vilain à la fin ou la séquence à moto, rien d’excitant, de novateur ou de surprenant. Le vieux routard et honnête faiseur hollywoodien, Robert Schwentke (l’excellent « R.E.D. » ou « Flight Plan »), n’a rien de bien fou à filmer et semble aussi désintéressé que le spectateur par ce qu’il doit mettre en scène. Bref, un film à gros budget bien triste et générique qu’on oublie aussi vite sorti de la salle après deux heures de léthargie où seuls les décors du Japon viennent un peu nous gâter l’œil.


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JorikVesperhaven
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le 23 juil. 2021

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Rémy Fiers

Écrit par

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